DANS LE PARKING DU SUPERMARCHE

Deux jeunes filles viennent vers moi
dans le parking du supermarché, deux employées
sans autre signes particuliers que leurs badge
Staples ? sur la chemise noire
expression neutre, pas de tatouages ni de piercings
Est-ce qu’elles ont besoin d’un chariot ?
Dans le coffre ouvert, Allan cherche nos sacs recyclable

Elles s’approchent et l’une d’elle me dit:
Voulez-vous venir avec nous à l’église Dimanche ?
Comme si on était au bal et qu’elle me demandait cette danse
J’examine de plus près les visages ronds d’adolescentes
qui ont l’âge d’être mes filles
Quelle église ?
la plus grande pointe son badge du menton :
Eglise de Jésus Christ, je lis
et plus petit en dessous (mais je ne veux pas m’approcher trop près)
des saints des derniers jours.

J’avoue que je suis ignare
dans le domaine des dénominations
S’agit-il d’une de ces « églises »
pop-up qui se montent dans des bureaux au hasard
ou d’une ancienne et obscure tradition américaine ?
Quoi qu’il en soit, ces saints du dernier jours m’inquiètent légèrement
Que diable savent-ils de plus, et est-ce que j’ai raté quelque chose ?

Je tente de la rassurer :
Nous allons déjà à l’église tous les dimanches
– Où ça ?   
– A Boston
… il y a de très bons musiciens qui y jouent
les cantates de Bach, vous connaissez ?
Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle nous y allons, bien sûr…

Je m’enfonce plus profondément.
Je ne voudrais pas leur faire faux bon, à ces gamines
les décevoir, les écarter du droit chemin.
Ce que je voudrais leur dire
c’est que je crois que tous les chemins mènent à Dieu
Si c’est ce qu’on cherche.

Allan sort sa tête du coffre et me sauve : Merci, mais c’est bon pour nous
Leurs visages restent neutres, elles hochent la tête
Il y aura un pianiste samedi soir si ça vous intéresse !
Elles ne laissent pas tomber
Elles relancent et tirent encore
leur filet dans le parking du supermarché
Même si  elles pêchent aux convertis.


J’ai depuis fait des recherches sur cette église.
Fascinant !
Mais je maintiens ma position.

Joyeux Noël!

LE NOUVEAU CALENDRIER

Cette année je ne trouve pas le calendrier idéal
ce matin, à la librairie de Newbury St
J’hésite entre La vie secrète des écureuils :
12 scènes magiques d’écureuils agissant comme des humains

Et Voici ma librairie : Douze devantures de librairies du monde
Mais je ne prends ni l’un ni l’autre

L’autre jour au centre commercial,
J’ai scanné avec une molle curiosité les étalages :
les filles de Sports illustrated et les autres maillots de bain
suivies par les Chippendales, les pompiers sexy –
J’essaye de visualiser l’effet sur le mur de ma cuisine

Puis on passe à la section des chatons,
Puis celle des chiots ensommeillés
Puis le calendrier Cabanes d’aisance de jardin  

Décidément, le bon calendrier ne me saute pas aux yeux
Cette année
Dans le passé, j’ai pioché dans la série Destinations :
Photos d’Italie, puis de France
dans un esprit d’inspiration, et pourquoi pas de manifestation
mais le désir m’échappe

Il est important de bien choisir, car tous les mois
et même tous les jours il faudra faire face
aux conséquences d’un achat rapide
et s’exposer à la photo choisie par l’éditeur

Une année j’ai voulu des photos de ballet,
Légèreté aérienne – mais je n’en ai plus envie
il me faut du tangible, du solide

J’avais suivi par des portraits de vaches.
peintures naïves et rassurantes de bovidés tranquilles,
Aux grands yeux doux et limpides
mais cette saison-là est passée aussi

Et si je laissais le coin vide ?
minimalisme : un mur tout blanc
Peut-être que je n’ai pas envie de fixer sur le mur
des projections, des oracles
peut être que je n’ai pas envie de mettre noir sur blanc
les rendez-vous du quotidien, les docteurs
les impôts, les ennuis

Je cherche un calendrier introuvable
avec seulement des moments heureux :
Des voyages, des rencontres en couleur
des jours de joie, des succès, des fêtes
mes enfants comblés, rayonnants
des départs, des déménagements surprise
des plans nouveaux sur la comète

Avec, à la rigueur, un agenda portatif
en finir avec les cases prévisibles sur un mur fixe.

CHANGEMENT DE PERSPECTIVE

Plusieurs fois j’ai observé
le matin en buvant mon café dans le fauteuil près de la fenêtre
une branche qui plonge, puis balance comme un trampoline
et puis cette petite bestiole, un écureuil
qui disparaissait vers le tronc.

Ce n’est pas un nouveau-venu
Je l’ai entendu galoper de temps en temps
tip tip tip tip, le long de la toiture
Je me demandais quelle course il effectuait
à toute allure
transportant de petites graines,
pour une raison ou pour une autre
d’un côté du toit, puis de l’autre

J’avais toujours pensé
que les animaux étaient voués
à lutter en permanence pour subsister
qu’ils passaient leurs courtes vies à guetter
des graines dans la neige
un moustique dans les airs
un mulot dans l’herbe
une proie dans la toile

J’étais désolée pour les pauvres canards
dans les mares gelées, sans manteau
sans doudounes les moineaux

Dans le froid, les éléments
la faim…

Et puis voilà que sur Facebook,
et puis plus tard sur Instagram,
j’ai vu des canards glisser dans la mare, puis regrimper la pente
j’ai vu un pigeon s’installer sur une girouette pour faire un tour de manège
j’ai vu un berger allemand et un poulet jouer à cache-cache

Bref, grâce à Internet, ma perception de l’ordre du monde
est en train de vaciller

Depuis que je l’ai vu plonger
comme un trapéziste sous mes yeux,
la branche oscillant de haut en bas, sous son poids
et lui rebondissant avec, pour disparaître dans les feuillages roux,
et recommencer un peu plus tard,
depuis que j’en ai la preuve,

je n’hésite plus à faire des jeux
sur mon téléphone, moi qui ne jouais jamais,
en essayant de me sentir moins coupable
de perdre mon temps.

Illustration glanée sur …  tattoosboygirl.com

L’IMAGE FINALE

Mon oncle Roland et moi errons dans les dédales du parking de l’aéroport Charles de Gaulle. Il est venu me chercher (j’arrive de mon exil aux US pour des vacances en famille,) mais il ne sait plus où il a laissé sa voiture.

Si quelqu’un mourait ici d’un infarctus personne ne le saurait ! il resterait là. Mort ! 
Je souris intérieurement. Peut-être même extérieurement. Il râle assez fort pour que les rares passants en ce matin de semaine sachent ce qu’il pense. Depuis dix minutes on cherche sa voiture qu’il pensait avoir garée à cet étage du parking. Elle a été volée ! 

Roland est le demi-frère de mon père. Il n’est plus tout jeune.
Si je raconte cet épisode ici, c’est pour clore le récit de mes retrouvailles virtuelles avec mon grand-père. Mon oncle est la seule personne vivante, à part mon père, qui ait connu ce grand-père et qui pourrait m’évoquer, sinon l’homme, au moins un peu de ce monde passé.

Côte à côte, nous déambulons avec ma valise dans les aires grises et sans âme des parkings silencieux.

Je sens sa détresse qui monte. L’embarras. C’est peut-être aussi l’émotion de rencontrer sa nièce qui l’a distrait.
Je suis patiente, même si le décalage horaire se fait sentir – le vol Boston-Paris se fait toujours la nuit. Je suis partie tard la veille, mais j’ai dormi un peu dans l’avion.

Il a accepté la tâche que lui a proposé mon père, de me conduire de l’aéroport à la gare Montparnasse d’où je prendrai le TGV en direction de la Bretagne.
J’aurais facilement pu prendre la navette de l’aéroport mais mon père a insisté pour contacter son frère, lui confier une mission pour nous mettre en rapport. C’est la débrouille, le système D.

Finalement mon oncle se rend compte qu’il s’était trompé d’étage. On remonte dans l’ascenseur. Après une heure d’errance, gros soulagement.

Maintenant on peut faire la traversée de Paris.

Toutes les rues ont une histoire pour lui. Il me fait visiter une ville de carte postale que lui seul connait. Moi mes repères sont très différents : là où j’ai travaillé, là où j’habitais, mon studio rue des Batignolles, P&G à Neuilly, les quartiers où j’aimais me balader, les stations de métro. Evidemment, il y a aussi le quartier où je suis née, où j’ai grandi.
Mais son Paris à lui est peuplé de nos ancêtres.

C’est là que Rose, ton arrière-grand-mère tenait un atelier de repassage. Ici, ta grand-mère achetait des fournitures de peinture. Elle peignait.

Saint-germain : on allait de bar en bar, la nuit. Le but était de faire le plus de bars possibles.

Les cafés rutilants qu’il me montre sont des théâtres, scène et parterre, où se déroulent les drames et comédies de la vie parisienne. Il y a des étalages d’huitres, d’autres ont des stands de crêpe attenants. Rien de spécial, sauf si on vit comme le reste du monde, ailleurs.

J’aimerais réaliser un film de cette visite, pour moi-même. Parce que ma mémoire est pleine de trous. Pourquoi une telle richesse de passé et d’histoires familiales alors que j’aurai tout oublié dans quelques mois.

Mais bientôt on arrive à la gare Montparnasse. La gare des bretons puisque ses lignes desservent l’ouest de la France. Il y a la gare de l’Est, la garde du Nord, la gare St Lazare, et la gare Montparnasse. Les deux dernières me sont les plus familières.

A l’intérieur, il nous reste un peu de temps. Nous nous installons à une table de café parmi les voyageurs. On parle un peu de tout, mais au milieu de la conversation, il part sur un souvenir. Ça me rappelle ton grand-père Gabriel, je le revois… 
Je ne sais pas quoi dire.  Il me peint l’image du naufrage à la fin d’une vie qui ressemble à une course d’obstacles.

Je vois qu’il les revoit encore, ces images et qu’elles lui font toujours mal.
De plus en plus je comprends que la vie est faite de beauté et de laideur entremêlés, qu’on ne peut pas faire l’économie du malheur, de la maladie, physique et psychologique.
Je voulais remettre les pendules à l’heure, remettre en contexte la vie entière d’un homme, sans garder seulement le pire. Je vois plus clairement maintenant les contrastes, les zones d’ombre et de lumière. Ce jour-là, il me parlait de l’ombre. Je sais que ce n’était que contraste.

Recherche de toilettes : Regarde là-bas, ces sanisettes. Il y a un truc pour ne pas payer, je vais te montrer. 
Je ne sais pas si je dois le prendre au sérieux. Pourquoi éviter de payer deux euros pour ces nouvelles installations de toilettes autonettoyantes ? Mais je sens qu’il vit dans un autre monde, celui du passé, à la guerre comme à la guerre, un monde où il faut se jouer de l’adversaire, pour économiser des bouts de ficelle.
On dirait que d’autres petits malins ont déjà forcé la porte de la machine et qu’elle ne ferme plus entièrement.  Ce n’est pas de la délinquance, c’est encore du system D. Pourquoi payer pour pisser ? les hommes, de toute façon, n’ont qu’à trouver un angle sombre et le tour est joué. Mais pas ici quand même.

L’heure du départ approche. Encore sonnée par l’intensité des histoires qu’il m’a racontées, et par ma nuit de voyage, je marche à ses côtés jusqu’à la porte du train. A l’intérieur, j’aperçois des petites lampes sur toutes les tables du wagon restaurant. Une atmosphère confortable, intime s’en échappe.

Avril à Paris, les marronniers sont en fleur, mais il fait tout de même un peu froid. Il me dit « garde cette écharpe, je te la donne. »  J’enroule son écharpe autour du cou. J’ai gardé cette écharpe pendant longtemps.

BAGATELLE

DOmiciliée, heureuse à Azay-le-Rideau
REveillée tôt matin et au piano voici,
MIrabelle travaillant ses gammes pour le gala
FAmilière des spectacles, scènes, coulisses et sous-sols,
SOlos et concerti, audience sur des sofas.

LA sonate de Chopin, joyeuse épidémie
SIgnifie falbalas, échalas et soirées !
DOrures, applaudissements, bouquets et puis dodo.

                        Encore !!!! ..    Champagne et puis dodo.

                        Encore !!!,,,     Doliprane puis dodo.


Voici ma petite composition pour l’Agenda Ironique de Juillet, ici DO RÉ MI FA SOL LA SI DO. L’agenda ironique de juillet 2022.
Il fallait un texte en sept parties, dont chacune devait commencer par une note de musique. J’ai fait fort, non? (si vous voyez l’astuce)  
Merci tout l’Opera !

POEM ABOUT A WALK-IN CLOSET / GARDE ROBE

Aucun rapport avec ma série précédente. Qui pourrait bien être finie, parce que je crois que j’ai mis la touche finale au tableau. Mais rien n’est sûr.  le petit joyau qui suit en français et en anglais m’a été inspiré quand ma fille cherchait un appartement.

POEM ABOUT A WALK-IN CLOSET
The apartment came with a walk-in closet
so they walked in
for a stroll
They stuffed their noses in the clothes
hanging in there
she went straight to the “go-to pants”
which had her name written all over them
tripped on the shoes lying around,
Did you have a good trip? He joked
it was a mixed bag, in there
organized and disorganized
with recessed lights and no windows
and then they never walked out
Because there is no such thing as a walk-out closet

There was also a walk-in bathtub
but they did not get a chance to visit.

J’ai joué sur le sens littéral d’expressions familières qui n’ont pas d’équivalent en Français (que je sache). Alors je vous propose un exemple de très mauvaise traduction, pour les vraiment curieux, et un anglicisme assorti : « Ca ne fait pas de sens ».


POÈME SUR UN GARDE-ROBE

L’appartement était équipé d’une pièce garde-robe
alors ils sont entrés
pour jeter un coup d’œil
Ils ont fourré leur nez dans les vêtements
accrochés là
elle est allée directement au « pantalon de prédilection »
qui avait son nom écrit partout
trébuché sur les chaussures qui traînaient,
Est-ce que tu as fait un bon voyage? il a plaisanté
c’était un sac de mélange, là-dedans
organisé et désorganisé
avec des lumières encastrées et pas de fenêtres
et puis ils ne sont jamais sortis
Parce qu’il n’y a pas de garde-robe « sortie »
Il y avait aussi une baignoire à l’italienne
mais ils n’ont pas eu l’occasion de visiter.

STORY OF THE BOY WHO WENT TO NEPAL/HISTOIRE …

STORY OF THE BOY WHO WENT TO NEPAL

Once upon a time there was a boy in that college
The most beautiful boy on campus
As beautiful as the silhouette
of Jim Morrison painted in black light
in the basement of Old Kenyon,
where parties took place
And where I met the boy
Whose name I can’t remember.

He wore a t-shirt that read
“Sinfully delicious” on the back

He came one day to see me
and we talked and we talked
I don’t remember what about
but he was just as beautiful
in my room as he had been out
And then I didn’t see much of him anymore.

When I left the campus at the end of the school year
Someone who knew him told me that the boy
was planning to fly on a plane to France
And I had a glimmer of hope
That it might be for me!

Imagine the lights glowing
Of that Boeing 737 on the tarmac
at night, in the fog,
on the right and left-side wings!
All that for me!

And then I forgot all about him,
as I never bumped into him in Paris
or anywhere else either

Until one day someone who knew him told me
that when he had indeed landed in Paris
the City of Lights
He took a look around himself
then caught another plane
this time to Nepal

To this day I am still wondering
If he took his “Sinfully Delicious”
T-shirt to Nepal,
And if he turned around because
He didn’t see me at the airport,
I will never know.


HISTOIRE DU GARÇON QUI EST PARTI AU NÉPAL

Il était une fois un garçon dans ce collège
Le plus beau garçon du campus
Aussi beau que la silhouette
de Jim Morrison peinte au sous-sol
du Vieux Kenyon, où se déroulaient les fêtes,
L’endroit même où j’ai rencontré le garçon
Dont je ne me souviens plus du nom.

Il portait un t-shirt qui disait :
” Délicieux comme un péché” au dos

Ce garçon est venu un jour me voir
et nous avons parlé et parlé
Je ne me souviens pas de quoi
mais il était tout aussi beau
dans ma chambre qu’il l’était au dehors
Et puis je l’ai perdu de vu.

Quand j’ai quitté le campus à la fin de l’année scolaire
Quelqu’un qui le connaissait m’a dit que le garçon
prévoyait de prendre l’avion pour la France
Et j’ai eu une lueur d’espoir
Que ce soit pour moi !

Imaginez les lumières qui brillent
De ce Boeing 737 sur le tarmac
la nuit, dans le brouillard,
sur les ailes droite et gauche !

Tout ca pour moi!
Et puis je n’y ai plus pensé
Car je ne l’ai jamais croisé à Paris
ni nulle part ailleurs.

Jusqu’au jour où quelqu’un qui le connaissait m’a dit
que quand il avait débarqué à Paris
la Ville des Lumières
Il avait regardé autour de lui
Puis avais pris un autre avion
pour le Népal

A ce jour je me demande encore
S’il avait emmené son T-shirt
“Sinfully Delicious” au Népal
Et s’il avait fait demi-tour parce que
Il ne m’avait pas vu à l’aéroport
Je ne saurai jamais.


On approche de la fin de ma collection de poèmes basés sur les souvenirs de mon année d’assistanat aux Etats-Unis, souvenirs de jeunesse dans lesquels je me suis replongée pendant le confinement. Je crois qu’il en reste quelques-uns dans le sac, un ou deux, pas plus.

GO ASK ALICE/FUMER AVEC ALICE

GO ASK ALICE

While certainly frightening
The experiment in Janice’s bedroom in the Old Kenyon building
Where the Ghost of old Kenyon was lurking already
Was necessary and instructive.

Janice was wearing a Salvation Army shirt
With yellow pineapples against a blue background.
She flashed white teeth as she smiled
And laughed softly as if the whole thing
Was not a matter of becoming stupid,
As in stupefying your brain
Your already underused mind
But instead, performing a sacramental rite
Or opening some kind of door
That had been locked before
Maybe for some good reason.

I wanted to be brave
So I thought I would try
Stepping to the other side of the mirror
And into another room
To rummage where it was none of my business
And what on earth would I find there?
I’d never really been the sort
to go where I was not supposed to go, especially
if it involved alarming paraphernalia

To add another layer of smoky flavor
She started playing on her CD player
A song that disturbed the heck out of me
Called Go ask Alice
Who was that Alice?
The voice I heard was that of a far-out creature
with floating sleeves stirring a pot of shroom and newt

So I did smoke with them that day
and I know
you are curious to find out what happened.

The first time, I was told, you feel nothing
Like nettles or poison Ivy you feel nothing at first
But after a while, together we stepped out of the room
The three of us and we visited a class
While floating a few centimeters above the floor
And the professor’s voice came through a haze
Oddly nothing was sturdy and things were drifting.

The day after, I put my conventional clothes back on
As well as my sensible shoes
And went back to studying with my regular half-brain.

I found I still do not share the preoccupation
With visiting otherworldly realms to access some knowledge
While messing up with the old cranks and pullies
When I have scarcely begun visiting this perfectly fine world
Thank you very much.

^ ^ ^

FUMER AVEC ALICE

Bien que certainement effrayante
l’expérience dans la chambre de Janice dans le bâtiment Old Kenyon
où le fantôme du vieux Kenyon se baladait déjà
était nécessaire et instructive.

Janice portait une chemise de thrift shop
Avec des ananas jaunes sur fond bleu.
Elle montrait ses dents blanches quand elle souriait
Et riait bêtement
comme s’Il ne s’agissait pas de devenir stupide,
De liquéfier un cerveau humain déjà sous-utilisé
Mais d’accomplir un sacrement
D’ouvrir une sorte de porte
Verrouillée auparavant
Sûrement pour une bonne raison.

Je voulais être courageuse
Alors j’ai accepté d’essayer
De passer de l’autre côté du miroir
Et dans une autre pièce
Pour fouiller là où ce n’était pas mes affaires
Et que diable y trouverais-je?
Je n’ai jamais vraiment été du genre
A aller là où je n’étais pas censée aller,
Surtout s’il fallait pour cela tout un attirail inquiétant

Pour ajouter une autre couche d’arôme fumée
Elle a mis sur son lecteur CD
Une chanson étrange et bizarre
Appelée Go Ask Alice
Qui donc était cette Alice?
La voix que j’entendais m’évoquait une créature lointaine
Aux manches flottantes touillant dans un chaudron
De champignons et de triton

Donc j’ai fumé avec eux ce jour-là
Et je sais
Que vous êtes curieux de savoir ce qui s’est passé.

La première fois, dit-on, on ne ressent rien
Comme les orties ou le poison Ivy,
On ne ressent rien au départ

Mais après un moment, nous sommes sortis
Tous les trois et avons visité une classe
Flottant à quelques centimètres du sol
Avec la voix du professeur qui traversait la brume
C’était assez étrange que rien ne soit solide et que les choses dérivent.

Le lendemain, j’ai continué à porter mes vêtements conventionnels
Et mes chaussures sensées et je suis retournée
Etudier avec mon demi-cerveau habituel.

J’ai trouvé que je ne partage pas la préoccupation des autres
A visiter d’autres royaumes
Pour accéder à certaines connaissances
En passant outre les vieilles manivelles et poulies

Et en flottant comme des zombies.
Alors que je viens juste de commencer
A visiter ce monde tout à fait correct.


If a reader asks, I am aware that there is a big difference with this cannabis-smoking experience and the psychedelic LSD experience of the song. But I am not the one who played the song and set up the atmosphere!

Si un lecteur se le demande, je suis bien consciente qu’il y a une grande différence entre cette expérience de fumer du cannabis et l’expérience psychédélique de LSD de la chanson. Mais ce n’est pas moi qui ai joué la chanson et créé l’ambiance !

AGENDA IRONIQUE DE JUILLET!

TSOUIN TSOUIN TSOUIN (sonnent les trompettes de la victoire)

Je reviens de mes (courtes) vacances et je tombe les flip-flops et le chapeau de paille pour vous annoncer le résultat des votes:

1ère place: Une petite sirène, de Lyssamara

Et comme organisateur, vous réclamez tous Iotop!

Merci à tous de votre participation !

Signé : VictorHugotte


L’organisateur?

LES TEXTES – C:EST ICI!!

https://ledessousdesmots.wordpress.com/2021/07/14/le-temps-de-sourire-et-lombre-fait-langage/

https://toutloperaoupresque655890715.com/2021/07/10/plan-plan-rataplan-cest-le-bruit-du-tambour/

https://touslesdrapeaux.xyz/agenda_ironique.html

https://laglobule2.wordpress.com/2021/07/07/journee-bof-mais-pas-trop-agenda-ironique-de-juillet/

https://victorhugotte.com/2021/07/15/annette-et-la-tasse-de-cafe/

Lyssamara participe ici :

https://docs.google.com/document/d/1WN9xrBjtuM3Sxm49YxTMkA4tuH7uldSk9US-gK8XR8I/edit?usp=drivesdk

https://chchshr.wordpress.com/2021/07/24/agent-dart-den-rire-un-homme-a-toper/


Tchachacha, froufrou, splat, et scouic.

Je vous propose d’utiliser onomatopées, répétitions et accumulations pour relater une étape de la vie d’une personne, ou un moment particulier, comme par exemple les préparatifs du matin, ou du soir. Quelques borborygmes seraient aussi les bienvenus.

Vous avez jusqu’au 26 juillet, et puis après on vote. Clap clap clap !

Si vous êtes nouveau ou nouvelle, vous postez votre texte sur votre blog, shlak!, et puis hop, vous copiez-collez le lien dans les commentaires ci-dessous.
Tic toc, tic toc…

CHAPEL WEDDING

CHAPEL WEDDING

You were leading, as usual:
your country, your college, your way
and I happily followed
down Middle Path
bemused, blissfully borrowed from my own self

We stood in front of the chapel
you always liked a good chapel
with candles burning inside
that evening we walked in
like when you walk into a ruin
looking for treasures
shiny bottles of colored glass

We both liked a good adventure
there was nobody else around
we stayed inside for a while
breathing the holy air
Look, you pointed up to a bird
banging its body on rafters above
We took this for some sign

Perhaps we lit a candle
For the two of us
Then we came out
and sat on the front steps
against a closed door
and I lit up a cigarette
that was before you requested I quit

I remember that evening
and thought I might write it down
with no other meaning than to record
One of the celebrations in my life


LA CHAPELLE

Tu menais, comme d’habitude
ton pays, ton université, ton chemin
et je suivais avec plaisir
sur Middle Path
amusée, béatement empruntée à moi-même

Nous sommes arrivés devant la chapelle
tu as toujours aimé une bonne chapelle
avec des bougies allumées dedans
ce soir-là, nous sommes entrés
comme quand tu pénètres dans une ruine
à la recherche de trésors,
des petites bouteilles de verre coloré

Nous aimons tous les deux une bonne aventure
Il n’y avait personne
nous sommes restés un moment à l’intérieur
a respirer l’air sacré
regarde, tu as pointé du doigt un oiseau
qui cognait son corps sur les poutres au-dessus
nous avons pris ça pour un signe

Peut-être avons-nous allumé une bougie
pour nous deux
puis nous sommes sortis
et nous sommes assis sur les marches
contre une porte fermée
et j’ai allumé une cigarette
c’était avant que tu me demandes d’arrêter

Je me souviens de ce soir là
et j’ai pensé que je pourrais le mettre noir sur blanc
sans autre signification que d’enregistrer
Une des célébrations de ma vie.


Illustration: Church of the Holy Spirit, Kenyon College

Encore un souvenir, des moments qui reviennent comme des images, des bornes le long du chemin.