Ce qui me manque, ce n’est peut-être pas la France, mais Ma France. Celle de mon expérience personnelle, une France idéale.
Je me suis installée aux US.
S’installer, ça veut dire chercher du travail, avoir des enfants, les élever, puis continuer à travailler, à vivre au rythme des saisons, s’imbiber de la culture, des mœurs, de l’environnement, des medias locaux. Je suis revenue en France souvent, presque chaque annnée. Et à chaque fois j’ai noté un changement, à chaque fois je me sentais un peu plus éloignée, étrangère – petit à petit il y avait des mots nouveaux, des expressions. Moi qui avais grandi avec la langue familière de mon époque, je n’arrivais pas a me faire à « grave, meuf, teuf » Je n’arrivais pas à rattraper ce qui se passait en musique, en livres.
Puis il y a eu l’internet. Ces vingt dernières années j’ai pu me tenir au courant plus facilement, garder contact avec ma famille. De plus en plus je peux mettre un pied dans la culture française : regarder des films, acheter et télécharger des albums, garder contact sur Facebook, retrouver des connaissances perdues, visiter la FNAC, faire du shopping à la Redoute.
Aujourd’hui je peux regarder des films français instantanément sur Netflix, Amazon, ou YouTube.
Et quand je fais des projets de vacances en France, je me rends compte que ce n’est pas vraiment que j’aie envie d’aller voir le lac d’Annecy, mais plutôt de visiter le lac d’Annecy dans Le Genou de Claire, d’Eric Rohmer. Je ne veux pas voir le lac d’Annecy comme il est maintenant, mais comme il est dans le film.
Bien sûr, je n’empièterais pas sur l’histoire, je côtoierais les personnages en me faisant invisible. Mais j’aurais tout loisir de m’asseoir sur un banc ou une chaise longue et de me contempler la mode de l’époque, les robes, les coiffures. Il y aurait les journaux, les nouvelles, les chansons de l’époque à la radio.
J’aimerais visiter la France des films de Rohmer : vivre quelques jours dans la villa de La Collectioneuse, en Provence. Je me vois tout à fait dans une des chambres, ou sur la terrasse en pierre, avant d’aller faire un tour en ville. Sinon, le vignoble en Ardèche, de Conte d’Automne.
En fait, il n’y a qu’avoir une idée et y penser un peu pour qu’elle se réalise un jour. Quelqu’un n’a-t-il pas rêvé des avions, du micro-onde, de l’internet, du téléphone-appareil-photo-email-texting-music-player-instantané et international? Pourquoi pas des visites en films ?
J’achèterais des tickets pour le Paris des films de Truffaut. Je m’immiscerais dans des scènes de Baisers Volés, de l’Amour en Fuite. J’irais faire coucou à Pierre Richard dans Le grand blond avec une chaussure noire ; j’irais visiter le Paris des films de Belmondo.
Je me gondolerais dans la France des comédies avec Louis de Funès. On entendrait bien-sûr les thèmes principaux de la bande-son de temps en temps.
Il suffirait de choisir un film, d’acheter un ticket, et de se faire télé-transporter pour quelques jours, quelques semaines.
Je crois que je tiens une super-idée.
J’aime beaucoup la franchise du ton de l’ensemble des articles, on entre dans l’intimité sans se sentir voyeur. C’est rare et appréciable. 🙂
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Merci Laurence, quel délice de lire tes contributions douces et soignées – je vois que j’ai affaire à un petit groupe délicat et charmant. Quelle chance !
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Si tu veux participer à l’agenda, n’hésites pas, la porte est grande ouverte ! 🙂
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