MARTIN ET VIOLETTE, un conte.
(followed by the English version)
Violette et Martin habitaient dans une modeste maison du village de Petiot, avec leurs deux filles, Truculence et Patate. Violette tenait un emploi de bureau à la mairie du village et Martin était professeur d’Anthropologie à la prestigieuse université de Tringueld, la ville voisine. Il avait acquis une certaine réputation dans son champ d’études (Données de terrain et appréhension de l’objet en Nouvelle Calédonie) et dans sa propre estime personnelle. Violette, elle, l’enviait un peu, parce qu’elle avait eu des ambitions d’études qui avaient été coupées court par la naissance des enfants.
Il y avait d’abord eu les biberons et les couches, puis les devoirs, les réunions de parents d’élève, les cours de piano de Truculence, qui leur donnait des espoirs, et les cours d’escrime de Patate qui se rencontraient tous les samedis. Violette aurait bien aimé retourner faire ses études maintenant que les filles étaient indépendantes, mais Martin n’y tenait pas et le faisait bien savoir. Elle avait pris ce boulot pour sortir de la maison et mettre un peu de beurre dans les épinards, car il tenait les cordons de la bourse bien serrés.
La vie était bonne pour lui. Tous les soirs, après les cours il rentrait à Petiot, un sourire satisfait sous sa moustache, fier du travail bien fait, tapotant Truculence et Patate sur le crâne, et descendant dans son bureau souterrain.
Violette, elle s’affairait à la cuisine pendant que les filles faisaient leurs devoirs.
« C’est pas juste, se disait-elle en secouant la tête : moi je vais gagner la croûte pendant la journée, puis je fais les courses, puis je prépare le diner, puis je nettoie, puis je range ; sans parler de la lessive, etc.. Et lui ? Il s’installe dans son fauteuil et allume un gros cigare. »
Même en maugréant dans sa barbe, elle préparait de bons petits plats avec amour et soin. Quand elle sortait sa fameuse tarte aux poireaux du four, tout était à sa place. Le fumet de la pâte brisée qu’elle avait perfectionnée au cours des années, des petits lardons dorés et des poireaux du jardin, tout se confondait dans la cuisine et aurait mis l’eau à la bouche d’un anosmique.
Quand il montait de sa cave, Martin avait la moustache frémissante. « J’ai épousé une merveilleuse cuisinière » aimait-il à répéter, fier, la prenant par la taille avant de se mettre à table.
« Ch’est cho mé chai bon ! » lançait Truculence (Trucu pour les intimes) en se brûlant la langue. Les autres émettaient d’autres borborygmes approbateurs.
Son boulot à la mairie de Petiot, Violette ne le détestait pas. Ses collègues étaient assez sympathiques. Mais elle avait crû avoir d’autres aptitudes. Et Martin n’était pas un mauvais bougre. Quand ils partaient en été en vacances, à la destination de son choix à lui, elle se laissait aller à penser qu’ils avaient la belle vie. Ils faisaient des balades à vélo tous les quatre, Martin en tête du peloton, puis Patate qui avait un bon coup de mollet, puis Trucu, puis elle. Mais elle rêvait parfois d’un ailleurs, d’un autrement, où elle aussi serait à la place du conducteur.
Un soir que Violette préparait sa spécialité, sa tarte aux poireaux, après une journée difficile au bureau (jalousies entre collègues, ragots, petits esprits mesquins), des souvenirs de sa jeunesse prometteuse montèrent à sa mémoire. Elle pensa qu’elle avait peut-être raté sa vie et elle versa quelques larmes sur les blancs de poireaux qu’elle était en train de couper en tronçons. Elle gardait les verts pour une soupe prochaine
Ce soir-là après diner, elle était sortie se promener au jardin. C’était une jolie nuit de pleine lune.
La voisine était une sorcière que Martin et Violette connaissaient peu – ils l’avaient tout juste entre-aperçue une fois à sa fenêtre. D’origine allemande, elle était célibataire, n’avait jamais eu d’enfants, et avait toujours été jalouse de cette jolie petite femme avec ses deux filles et son mari. Cette sorcière regardait souvent Violette cueillir des poireaux dans son jardin. Elle était si funestement lunée ce soir-là qu’elle alla chercher son grimoire pour trouver la formule exacte. Puis, de sa fenêtre, elle prononça ces mots :
Kartofeln und Kraut
Quadragésime et Millésime !
Belle femme aux marmots
Te voilà sur le champs
Valdinguée en POIREAU!
A ce moment précis, Violette crû s’évanouir. Et elle s’évanouit en effet.
Quand elle se réveilla, elle se sentait un peu raide, et quand elle ouvrit les yeux, elle vit qu’elle était plantée devant un poireau. Un poireau qu’elle voyait de très près. Elle réalisa qu’elle était devenue poireau. La première surprise passée, elle trouva que c’était presque reposant, cette position immobile, bien enracinée dans le sol. Elle n’avait plus à courir au travail, aux courses, à faire la cuisine, la lessive, le ménage, le rangement. Elle pouvait regarder les nuages le jour, admirer les étoiles la nuit, elle n’était plus sensible au froid, comme elle l’avait toujours été. Le murmure des poireaux autour d’elle, et la réponse des carottes voisines étaient rassurants, et elle pouvait voir la maison de son coin de jardin. La sorcière elle, qui avait un début de maladie d’Alzheimer oublia complètement cette histoire.
Au début, Violette-poireau guettait Patate et Truculence qui sortaient et entraient la mine défaite, et elle voulait les appeler, leur parler. Mais personne ne l’entendait ni ne la voyait.
Puis elle vit Martin. Et lui aussi avait l’air triste. Puis elle sentait ses feuilles vertes remuer dans la brise et la sensation était charmante.
Le premier jour, Martin pensa qu’elle s’était mise en retard au travail. Puis qu’elle avait peut-être eu un accident sur la route de Petiot, mais la police n’avait rien entendu.
Puis il se demanda si elle avait décidé de le quitter, ce qui lui semblait improbable. Il sentait que Violette faisait partie de lui, comme son propre bras, et elle ne lui avait jamais rien dit qui puisse lui donner des doutes. Sauf parfois quand elle essayait de donner son avis, ce qui n’était pas souvent du tout.
Les filles, elles, ne comprenaient pas où ni pourquoi leur chère maman avait disparu. Les battues organisées par la police n’avaient rien donné.
Elles sortaient parfois dans le jardin, s’asseyaient et parlaient entre elles de leur maman et de sa disparition. Violette était là, qui écoutait, essayant de leur faire signe, mais quel enfant raisonnable aurait cherché des signes dans un frémissement de feuilles de poireau ?
Martin aussi descendait au jardin, parfois la nuit, quand il ne pouvait pas dormir. Il ne fumait plus ses gros cigares. Il dépérissait en fait. Elle vit au cours de semaines comme son tour de taille diminuait, comme sa ceinture se serrait. Elle voulait dire «Ouhou ! ouhou ! je suis là », comme quand on attend quelqu’un à la gare. Mais il n’entendait pas ses pauvres cris de poireau.
Martin se posait de plus en plus de questions. Au départ, Violette lui avait manqué surtout à cause de ses bons petits plats. Puis toute sa personnalité lui avait manqué, et beaucoup de choses lui étaient revenues à la mémoire.
Un agriculteur qui passait par là vit les beaux légumes du jardin et parla à Martin de son entreprise biologique de congélation. Dans son chagrin, Martin lui dit qu’il pouvait prendre les navets et les carottes, le persil et les oignons, et bien sûr les poireaux.
Le lendemain, Violette se sentit déracinée dès l’aube dans le brouillard alors qu’une fine rosée perlait à ses feuilles.
Puis elle se retrouva sur un tapis roulant sur lequel elle fut coupée en tronçons. Puis elle eut très froid, puis plus rien.
Violette était congelée. Elle fût scellée dans un sac de plastique, lui-même acheminé à un camion puis transporté dans un congélateur de taille industrielle.
Pendant ce temps, Martin n’avait plus la tête à ses cours, et ses élèves se demandaient bien à quoi il pensait, marchant en long et en travers dans la salle de classe. S’ils savaient que c’était à la tarte aux poireaux de Violette ! Il revoyait sa femme, si jolie dans sa robe d’été, au jardin, cueillant les carottes, sentant les roses.
« Quel idiot j’ai été ! J’avais la plus belle femme du monde, la plus chérie de toutes les femmes, et je ne m’en rendais pas compte ! Ah, si elle revenait, je lui donnerais tout ce qu’elle voudrait. Je la laisserais retourner à l’université, elle qui le souhaitait tant ! Quel imbécile j’ai fait ! » Et sa moustache tombait tristement.
Le soir, ils ouvraient des boites de conserve de soupe de poulet aux nouilles. Aucun d’eux ne savait cuisiner. Ils se relayaient maintenant pour faire la lessive, épousseter, mettre de l’ordre.
Truculence et Patate sentaient que leur mère était encore vivante, et lui parlaient intérieurement. Patate lui écrivait des poèmes. Truculence lui racontait ses histoires d’école avant de dormir.
Quand ils en eurent assez des boites de conserve, Martin s’inscrivit à des cours de cuisine à la mairie de Petiot. Ainsi qu’à un cours sur le féminisme offert par un collègue de renom. Chaque jour il comprenait de plus en plus sa bêtise. Au lieu de rentrer le soir et de s’enfermer dans sa caverne comme dans le passé, il ouvrait un des livres de cuisine de Violette et se lançait dans une nouvelle recette.
Puis il lisait les romans de Violette, ou visionnait ses films préférés. Il lui semblait qu’il apprenait enfin à connaitre celle qui avait partagé sa vie. Elle lui semblait ainsi plus proche.
Un soir, il ouvra un livre à la page de la Tarte aux poireaux, celle qui leur avait procuré tant de plaisir. Comme il n’y avait plus de poireaux au jardin, il demanda à Patate et Trucu de filer chez l’épicier en acheter.
« Vous tombez mal, je viens de vendre le dernier ! » leur dit celui-ci, « mais regardez dans le congélateur, il se pourrait… »
Les filles revinrent à bicyclette avec le sachet et le tendirent à leur père avec la monnaie.
“Ce sera prêt quand ? on a faim !”
“Donnez-moi une bonne heure, et commencez vos devoirs en attendant. Le temps passera plus vite.”
Martin commença sa communion en silence. Il fit rissoler les petits lardons dans la poêle. Puis il déplia la pâte brisée qu’il avait préparée la veille. Il sorti un morceau de gruyère qu’il trancha en lamelles qu’il plaça au fond du moule à tarte. Puis il ouvrit le sac de poireaux d’un coup de ciseaux. Les congelés n’étaient pas aussi bons que les frais, mais il n’avait pas le choix.
Alors qu’il pensait à Violette et a ces gestes, qu’elle avait fait si souvent sans le moindre remerciement, les larmes lui montèrent aux yeux. « Ah, Violette, où es-tu donc?! » prononça-t-il dans sa moustache à voix basse.
Une ou deux de ses larmes tombèrent sur les poireaux en tronçons.
Une sorte de vapeur s’éleva dans l’air, qui envahit la cuisine, puis se dissipa devant ses yeux pour laisser apparaitre une femme qu’Il connaissait. Violette se trouvait devant lui, aussi étonnée que lui.
« Martin ! Je suis là !»
C’était bien elle, dans la robe jaune qu’elle portait le jour où elle avait disparu !
« Que m’est-il arrivé ! J’ai tant poireauté !” Ils rirent tous deux à cette bonne plaisanterie en s’embrassant. Il ne comprenait ni l’un ni l’autre mais savaient tous les deux que les choses avaient changé et que le destin leur offrait une nouvelle chance.
Patate et Truculence avaient entendu du bruit dans la cuisine.
« Papa, ça va ? Tu parles à qui ? »
Et elles virent que leur mère était de retour, sans une ride après tout ce temps ! Je ne vous raconte pas les embrassades, les rires et les réjouissances ce soir-là. Ils préparèrent la tarte sans poireaux et l’appelèrent quiche Lorraine.
A partir de ce jour, Martin et les filles firent tout ce qui était en leur pouvoir pour faciliter la vie de leur chère femme et maman. Violette repris ses études de biologie et développa une thèse sur Le langage codé des remuements de nez des lapins de jardin (elle les avait étudiés de près). La thèse devint un classique en son genre.
Martin la regardait maintenant avec fierté et admiration et il vit qu’il était gagnant.
Violette se disait bien qu’il avait fallu cet épisode inattendu pour se faire comprendre, et que la transformation de son mari était un miracle. Puis qu’il faudrait peut-être qu’elle apprenne elle-même à se changer en d’autres légumes pour voir.
Ceci dit, ils vécurent heureux et eurent beaucoup de belles récoltes dans le potager.
* * *
Violette and Martin lived in a modest house in the village of Petiot, with their two daughters, Truculence and Patate. Violette held an office job at the town hall and Martin was professor of Anthropology at the prestigious University of Tringueld, the nearby town. He had acquired a certain reputation in his field of study (Field data and apprehension of the object in New Caledonia) and in his own self-esteem. Violet envied him a little, because her own desires to study had been cut short by the birth of the children. First there had been baby bottles and diapers, then homework, parent-teachers meetings, Truculence’s piano lessons, which gave them hope, and Patate’s fencing classes that met every Saturday. Violette would have liked to go back to school now that the girls were independent, but Martin did not care about it and made it known. She had taken that job to get out of the house and have some extra money, as he held the finances very tightly.
Life was good for him. Every evening, after class, he returned to Petiot, a satisfied smile under his mustache, proud of a job well done, patting Truculence and Patate on the head, and walking down to his underground office.
Violet was busy cooking while the girls did their homework.
“It’s not fair,” she said to herself, shaking her head: “I’m bringing the bacon home, then cook it, clean and then tidy up; not to mention the laundry, etc. And what does he do? He sits in his chair and lights a big cigar. “
Even grumbling under her breath, she prepared a good dinner with love and care. When she took her famous leek pie out of the oven, everything was in its place. The aroma of the pie dough she had perfected over the years, together with the bacon and leeks from the garden all blended in the kitchen and would have made an anosmic’s mouth water.
Martin’s mustache quivered when he came up from his den. “I married a wonderful cook,” he liked to say, proudly, taking her by the waist before sitting at the table.
“Itch good but itch hot!! “ Truculence (Trucu for short) said, burning her tongue. Others made approving noises.
Violette did not hate her job at the town hall of Petiot. Her colleagues were nice enough. But she knew she had more to offer. And Martin was not a bad guy. When they went away on vacation in summer, to the destination of his choice, she let herself think that they lived the good life. The four of them went on bike rides, Martin at the head, then Patate, who had strong legs, then Trucu, and then she. But Violette sometimes dreamed of somewhere else, of another way, where she too would be in the driver’s seat.
One evening when Violette was preparing her specialty, her leek pie, after a difficult day in the office (jealousy among colleagues, gossips, petty minds), memories of her promising youth came to her. She thought she might have missed something in her life and she shed some tears on the leek whites she was cutting into pieces. (She kept the greens for an upcoming soup.)
That evening after dinner, she went out for a walk in the garden. It was a beautiful moonlit night.
The neighbor was a witch whom Martin and Violette knew very little – they had only just caught a glimpse of her at her window. Of German origin, she was single, had never had children, and had always been jealous of this pretty little woman with her two daughters and her husband. This witch often watched Violette gather leeks in her garden. That night the moon was so bright that she went to get her spell book to find the exact spell. Then, from her window, she pronounced the following words:
Kartofeln und Kraut
Quadragesime and Millesime!
Pretty woman with brats
Here you are on the spot
Turned into a LEEK!
At this moment, Violette felt faint. And she fainted.
She came to feeling a little stiff, and when she opened her eyes, saw that she was planted in front of a leek. A leek she saw very closely. She realized that she had become a leek. The first surprise passed, she found that it was almost restful, this still position, well rooted in the ground. She no longer had to run to work, shop, cook, do the laundry, cleaning, picking up, and all the rest.
She had the leisure to watch the clouds during the day, admire the stars at night, and she was no longer sensitive to the cold, as she had always been. The murmur of leeks around her, and the response of the nearby carrots felt reassuring, and she could see the house from her garden corner. The witch herself, who had an onset of Alzheimer’s disease, completely forgot about this story.
At first, Violette-leek watched Patate and Truculence coming in and out, looking sad, and she wanted to call them, talk to them. But no one heard or saw her.
Then she saw Martin. And he too looked sad. Then she felt the breeze stir her green leaves and the sensation was charming.
The first day, Martin thought she was late from work. She may have had an accident on the road to Petiot, but the police had not heard of anything happening there.
Then he wondered if she had decided to leave him, which seemed unlikely. He felt that Violet was part of him, like his own arm, and she had never told him anything that could give him any doubts. Except sometimes when she tried to give her opinion, which was not often at all.
The girls did not understand where or why their dear mother had disappeared. The beatings organized by the police had been unsuccessful.
Sometimes the girls went out into the garden, sat down and talked about their mother and her disappearance. Violette was there, listening, trying to beckon them, but what reasonable child would have looked for signs in a shiver of leek leaves?
Martin also went down to the garden, sometimes at night, when he could not sleep. He no longer smoked his big cigars. He actually was wasting away. As weeks passed she saw his waistline dwindling as his belt tightening. She wanted to cry “Ouhou! ouhou! I am here “, as when you meet someone at the station. But he did not hear her poor leek cries.
Martin asked himself more and more questions. Initially, he had missed Violet mostly because of her good meals. Then he had missed her whole person, and many details came back to his memory.
A farmer passing by saw the beautiful garden vegetables left untouched and talked to Martin about his organic frozen food business. In his grief, Martin told him that he could take the turnips and carrots, parsley and onions, and of course the leeks.
The next day, Violette felt uprooted at dawn in the fog as fine pearls of dew ran from her leaves.
Then she found herself on a conveyer belt and found herself cut into sections. Then she was very cold, then nothing.
Violet was frozen, sealed in a plastic bag, which was then taken to a truck and transported in an industrial-size freezer.
Meanwhile, Martin’s students wondered what he was thinking, walking up and down the classroom. If they knew it was about Violette’s leek pie! He was thinking about his wife, so pretty in her summer dresses, in the garden, picking carrots, smelling the roses.
“What an idiot I was! I had the most beautiful woman in the world, the most darling of all women, and I did not see it! Oh, if she came back, I would give her everything she wanted. I would let her go back to university, she wanted it so much! What a fool I was!” And his mustache sagged sadly.
In the evening, they opened cans of chicken-noodle soup. None of them knew how to cook. They took turns doing the laundry, dusting, tidying up.
Truculence and Patate felt that their mother was still alive, and spoke to her internally. Patate wrote her poems. Truculence told her her school stories before falling asleep
.
When they had had enough of cans, Martin enrolled in cooking classes at Petiot’s town hall, together with a course on feminism offered by a renowned colleague. Every day he understood more and more his stupidity. At night, instead of shutting himself up in his cave as in the past, he opened one of Violette’s cookbooks and started a new recipe.
He also read Violet’s novels, and watched her favorite movies. It seemed to him that he was finally learning to know the one who had shared his life.
One evening he opened a book at the page of the famous Leek Pie, the one that had given them so much pleasure. Since there were no more leeks in the garden, he asked Patate and Trucu to go to the grocer’s shop to buy some.
“You’re out of luck, girls, I just sold the last one!” he said, “but look in the freezer, maybe …”
The girls rode back on their bicycles with the bag and handed it to their father with the change.
When will it be ready? We are hungry !
Give me a good hour, and start your homework while you wait. Time will pass faster.
Martin began his communion in silence. He sautéed the bacon bits in the pan. Then he unfolded the broken dough he had prepared the night before. He pulled out a piece of Gruyere cheese and sliced it into the bottom of the pie plate. Then he opened the bag of leeks with a scissors.
Frozen leeks were not as good as fresh ones, but he had no choice.
While he was thinking of Violette and those gestures she had done so often without the slightest thanks, tears came to his eyes. “Ah, Violette, where are you ?” He said in his mustache in a low voice.
One or two of his tears fell on the cut-up leeks.
Steam rose in the air, flooded the kitchen, then disappeared before his eyes to reveal a woman he knew. Violet was facing him, as surprised as he was.
“Martin! I’m here !”
It was her, in the yellow dress she wore the day she was gone.
“What happened to me! I’ve been away so long!” They both laughed while hugging and kissing. He did not understand either, but they knew that things had changed and that fate was offering them a new chance.
Patate and Truculence had heard some noise in the kitchen.
“Dad, how are you? Who are you talking to ? “
And they saw that their mother was back, without a wrinkle after all this time! I do not tell you the hugs, the laughs and the rejoicing that night. They made the pie without leeks and called it quiche Loraine.
From that day on, Martin and the girls did everything in their power to make life easier for their dear wife and mother. Violette resumed her studies of biology and developed a thesis on The coded language of garden rabbits’ nose twitches (she had studied them closely). The thesis became a classic of its kind.
Martin now looked at her with pride and admiration and he saw that he was a winner.
Violette wondered how it had taken this unexpected episode to be understood, that her husband’s transformation was a miracle, and that maybe she should learn to try and change herself into other vegetables to see.
They lived happily ever after and had a lot of good crops in the garden.
* * *
Ceci est ma participation à l’Agenda Ironiquede Février : conte pour enfant ou adulte, long ou court, poésie ou prose, une morale , avec les mots Quadragésime, Tringueld, Gagnant, et Truculence.)
ET elle s’ajoute à l’Anthologie du poireauen collaboration avec Carnets Paresseux.
Attention ! : Ce texte est inventé de toutes pièces, et toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite.
Illustration: Fondue de poireaux sur le blog Atelier Petit Gris http://atelierpetitgris.blogspot.com/2013/10/fondue-de-poireaux.html
Formidable ce conte ! J’aime le fond comme la forme ! On a bien tort de négliger à ce point les poireaux…
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Un beau jour il pourrait y avoir une revolte des poireaux!
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Quelle charmante histoire ! On sent le vécu.
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Hahaha 🙂 j’ai du reussir a rendre la vie de poireau de facon realiste!
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Bon jour,
Enorme ! Ce conte fantastique a une belle envergure. J’adore 🙂
On ressent dans ce texte quelques éléments érange comme la ville Petiot qui découpait ses victimes …
Quelques remarques au hasard :
– “Même en maugréant dans sa barbe, elle préparait de bons petits plats” : Violette a de la barbe ? C’est inattendu 🙂 alors qu’il est écrit un peu plus loin : “…de cette jolie petite femme”.
– “Ses collègues étaient assez sympathiques” et “au bureau (jalousies entre collègues, ragots, petits esprits mesquins” : une sympathie de façade, alors 🙂
– “quiche Loraine” : Coquille à Lorraine : deux R ?
En tout cas un conte bien mené 🙂
Max-Louis
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Petiot… j’ai dû faire des recherches, je ne connaissais pas. J’ai inventé ce nom pour faire contraste avec l’autre. Petit, et non pas Grand.
La barbe: en effet, ce n’est pas très heureux. Je croyais que c’était une expression toute faite, je trouvais ça drôle! Mais non, Violette n’a pas la barbe fleurie.
Les collègues? ils sont sympathiques un jour, et mesquins le lendemain. Ca change tout le temps.
Et la quiche, oui, ce doit être une coquille d’oeuf! Je vais l’enlever.
Merci pour le travail d’édition! Et pour la lecture !
Véronique
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Whouah ! C’est beau que s’en est à pleurer, j’adooore !
Merveilleux.
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Merci Jobougon. Voilà qui me rassure!!
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Un conte où le merveilleux se mêle au réel, saupoudré d’une pointe d’humour. On y est, on y croit ! J’ai beaucoup aimé, bravo !
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Merci Laurence.
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Un vrai conte avec des moments de joie, d’épreuves et une belle fin
Un régal
🙂
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Merci Valentyne !! 🙂
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J’aime cette histoire et la bonne odeur qui s’en dégage,
ça me plait bien
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Merci patchcath!
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