MY LIFE IN INSTANT COFFEE
We were flying back in the morning
And I knew we wouldn’t have time
For Starbucks on the way to the airport
We bought little packets of instant coffee.
Early I got up and filled in the teakettle
In the strange Chicago AirBnb living room
The ghost of Al Capone in the air
For lack of the rightful inhabitants
I poured the water in two strange cups
That I found in the unfamiliar cupboards
I remembered : make sure it doesn’t boil
“Café bouillu, café foutu”
The first taste was as distasteful as it ever was
but in that instant the drawer of my instant coffee experience
became unlocked, letting out
forgotten moments I didn’t know still lived inside
A dim specter came up with the steam
A lonely student, default-setting sadness
In a dorm room looking out the window
At a grey sky, sitting on a dorm bed
Next to an immersion stick heater
Same metallic fake taste
Light and acidic bitter juice,
But more freeze-dried memories arise
Freed from the spell by simmering water
This time the past life regression
Takes me to the childhood kitchen
The greasy smell of the stove’s electric burner
The sound of hot water bubbles
making their way up the saucepan
My mother pouring the spluttering liquid
In a dainty porcelain cup topped with a metallic line
The layer of fake foam gathering on the surface
The time it takes for my mother to take her time
Enjoying lyophilization science
While I chomp at the bit at her feet
It all comes back to my taste buds
the same precariousness, the same sad taste of Nescafe
Next thing I know, I travel back through the tunnels of time
Awake enough to call an Uber to the next coffee shop.
MA VIE EN NESCAFE
Nous allions repartir le lendemain
Et je savais que nous n’aurions pas le temps
Pour un stop à Starbucks sur le chemin de l’aéroport
Nous avons acheté des petits sachets de café instantané.
Tôt le matin, je me suis levée et ai rempli la bouilloire
Dans le salon étranger du AirBnb de Chicago
Où le fantôme d’Al Capone rôdait dans les airs
A défaut des habitants légitimes
J’ai versé l’eau dans deux tasses étrangères
Que j’ai trouvé dans les placards
Je me suis souvenue: assurez-vous que ça ne bouille pas
“Café bouillu, café foutu”
La première gorgée fut aussi déplaisante que jamais
Mais en cet instant le tiroir de mon expérience de café instantané
se déverrouilla, laissant s’échapper
des moments oubliés que je ne savais pas y survivaient encore
Un pâle spectre s’éleva avec la vapeur
Une étudiante solitaire (tristesse par défaut)
Dans une chambre de dortoir regardant par la fenêtre
Vers un ciel gris, assise sur le bord du lit
À côté d’un thermoplongeur portable –
Même faux goût métallique
Jus amer, léger et acide,
Mais d’autres souvenirs lyophilisés remontent…
Libérés de leur sort par l’eau frémissante
Cette fois la régression vers les vies antérieures
M’emmène dans la cuisine de mon enfance
L’odeur graisseuse de la plaque électrique
Le crépitement des petites bulles d’eau chaude
Faisant leur chemin vers le haut de la casserole
Ma mère versant l’eau crachotante
Dans une tasse en porcelaine surmontée d’une ligne argentée
La couche de fausse mousse se dessine à la surface
Le temps qu’il faut à ma mère pour prendre son temps
Profitant des progrès de la science
Pendant que près d’elle je trépigne d’impatience
Tout remonte à mes papilles
La même précarité, le même goût triste du Nescafé.
Sans transition, je retourne dans les tunnels du temps
Assez réveillée maintenant pour appeler un Uber
Qui me conduira vers le Starbucks le plus proche.
Les odeurs, les saveurs ont un pouvoir immense sur notre mémoire…
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C’est vrai, et ce n’est pas Proust qui nous dementira!
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Magie de l’écriture ou sort en retour, en lisant m’est revenu en bouche le gout “particulier” du nescafé (que j’ai pourtant peu fréquenté… et il y a longtemps !)
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