LE GPS

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LE GPS

Tout a commencé un après-midi alors que je sortais en voiture du parking de notre habitation. «Tournez à gauche», fit une voix désincarnée. Je dis «désincarnée» car il n’y avait personne assis à côté de moi.
La voix ne venait pas non plus de l’extérieur, je vérifiai, car il aurait pu y avoir des voisins qui attendaient le bus scolaire. Mais il n’y avait personne. Le seul mouvement était celui des feuilles filtrant la lumière du soleil au-dessus de la route et de la boîte aux lettres.
Je suis superstitieuse, mais seulement dans une certaine mesure, par exemple, je ne passerais pas sous une échelle. Mais je trouve généralement une explication rationnelle aux faits mystérieux de la vie, et réserve le reste pour Halloween.J’ai alors pensé.

Wendy.

C’était Wendy.

Il avait fallu ce temps à mon cerveau pour reconnaître la voix du système GPS que j’avais acquis quelques semaines auparavant. Pendant longtemps j’avais convoité l’appareil sans m’engager à la dépenses. Ce serait un euphémisme de dire que je n’ai pas le sens de l’orientation. Sortir de mon rayon familier me cause un stress incommensurable.
Lorsque Noël amena un bonus d’entreprise, je décidai de me faire plaisir.
Pendant des semaines, je n’allumai pas le rectangle noir qui ressemblait à un petit écran de télévision, car je n’en avais pas besoin pour aller travailler. Il reposait sur le siège passager. Je prévoyais sa première utilisation le jour de la réunion mensuelle du club de lecture. Trouver mon chemin vers les habitations des uns et des autres à la nuit noire m’emplissait de terreur. Trop de fois, je m’étais perdue dans des dédales de rues sombres et sans nom.
J’inaugurai finalement l’appareil de navigation un beau jour de Mai pour me rendre dans un bureau nouvellement acquis par mon entreprise, le genre de voyage qui aurait normalement déclenché une attaque de panique.
Parmi les différentes options, je choisi une voix jeune et féminine qui me semblait patiente et mesurée, avec un accent britannique qui me rappelait mon Europe natale.
Le matin-même, je composai l’adresse sur le clavier, et la voix calme et raisonnable me guida sur des routes et des autoroutes inconnues sans stress. «Vous êtes arrivé à destination», me-dit-elle à l’entrée d’un centre d’affaires.
C’était magique.
La vie était merveilleuse.
Je me demandais comment j’avais pu attendre si longtemps ce moment. Le prix était plus que justifié.

Le voyage suivant, un 18 Juin, était un long périple de trois heures dans l’ouest du Massachusetts avec une amie. C’était le genre de personne qui donne des noms aux objets, et elle avait nommé la voix Wendy. Notre compagnon électronique nous diverti tout le long du trajet avec sa voix posée. “Merci Wendy!” disions-nous à tout bout de champ, reconnaissantes pour ses directions modestes et effacées. Tout au long du chemin, nous l’imitions, nous essayions de la mettre au défi, de lui poser des piéges, mais elle n’était pas dupe. Une fois, je fis une erreur et pris le mauvais virage. Elle ne se troubla pas mais me demanda juste de faire demi-tour dès que je le pourrais. Je réalisai qu’en sa compagnie, je retomberais toujours sur mes pieds.

J’avais donc une confiance infaillible en Wendy lorsque, contre toute attente, sa voix s’éleva de nouveau dans la voiture, malgré le fait que je me souvenais clairement avoir débranché le chargeur, enroulé le cordon autour de l’écran avant de le ranger dans la boîte à gants, que j’avais vidée de tous les itinéraires imprimés qui m’étaient maintenant inutiles.
Quelqu’un aurait-il pu allumer l’appareil? C’était impossible car personne d’autre n’avait les clés de mon véhicule.
J’hésitai avant d’ouvrir la boîte à gants , comme si je m’attendais à ce que quelque chose de vivant me morde la main. Quand je le sortis, le GPS était bel et bien allumé, me guidant vers une destination inconnue. J’engageais le bouton « off », en notant bien mes actions mentalement.

La seconde fois que la chose se produisit, je conduisais sur l’autoroute en direction de chez moi. Comme tous les jours au sortir du bureau, mon esprit était empli d’insécurités liées au travail. Je trouvais que ce trajet quotidien était le meilleur moment pour faire le bilan de ma vie, comme si être sur la route me donnait une meilleure vision de mon propre chemin. C’’était l’un des rares moments où je n’avais pas à porter mon attention sur un projet concret et spécifique.

Étais-je sur la bonne voie? Me demandais-je. Était-ce le bon emploi ou devrais-je plutôt me consacrer à ce que j’aurais aimé faire (disons-le tout de suite) : être actrice. Je passais mes journées dans un bureau avec un vague sentiment d’anxiété, effectuant des tâches inintéressantes et subalternes. J’étais clairement sous-employée, mais bien payée. Je savais que j’étais paresseuse et lâche, mais le doute de moi-même me tuait. Et si je ne réussissais pas en tant qu’actrice, devais-je laisser derrière moi le confort matériel que j’appréciais? Je gaspillais mon énergie dans une vie sûre mais stérile qui me laissait vide et insatisfaite.
“Prenez la prochaine sortie”, dit la voix.
Le son était étouffé, et le dernier mot fragmenté, mais je reconnus tout de suite Wendy.
Sachant qu’elle m’avertissait généralement deux fois avant un virage, j’attendis quelques secondes.
“Prenez la sortie à droite”, me dit-elle à nouveau.
«Wendy», ai-je demandé à haute voix. «Ês-tu en train de me dire que je devrais quitter mon emploi? Tu veux dire arrêter?
“Tournez à droite”, répondit-elle.
J’actionnai mon clignotant.
Je n’avais jamais pris cette sortie auparavant et suivi une route secondaire sur moins d’un mile. «Juste devant, tournez à gauche», m’ordonna-t-elle à nouveau. Conduisant lentement sur une route de campagne, je suivis ses indications jusqu’à ce que j’atteigne un parking improvisé dans une clairière à l’ombre de quelques chênes.

La voix resta silencieuse.

Retirant l’appareil en plastique noir de la boîte-à-gants, j’ai pris le temps de l’examiner.
Parmi les différentes options et je touchai l’icône qui disait “Où suis-je?”
Une carte apparu à l’écran, montrant un bâtiment au milieu d’un carrefour. Ce n’était évidemment pas le chemin de terre où j’étais garée, mais une carte de mon lieu de travail, entouré des autoroutes familières.
Je tapai l’écran. L’option «Naviguer vers» apparu. Je pris un risque, et consciente de ma propre bêtise, au lieu d’une adresse, je tapai le mot «actrice».

En quelques secondes, une nouvelle carte apparu, dans les mêmes couleurs rouges et jaunes.
La route indiquait des points de repère le long de plusieurs courbes. Au lieu de noms de villes, je lus: école de théâtre, auditions, performances, rencontres, conseils et astuces.
Je me demandais si c’était une sorte de prophétie, ou si j’avais trouvé un outil de divination de pointe.
La destination finale n’indiquait rien de spécifique, comme Hollywood ou autre endroit bien connu. J’avais plutôt affaire à une liste de directions à prendre pour atteindre un certain objectif. Le GPS m’offrait les étapes de base pour atteindre cet objectif.
Mon cœur cessa de battre. J’étais à la fois déçue de comprendre que cet incroyable avenir n’était pas un instantané de ma vie, et soulagée dans mon esprit rationnel que cette liste ne soit qu’un guide pratique et terre-à-terre de ce qui était possible avec courage et effort.
J’appuyai sur le bouton Démo, et l’écran s’anima d’une ligne rouge serpentant à travers les différents points de repère, révélant des carrefours de taille diverse, ainsi que de petites rues et avenues. «Prêt bancaire», indiquaient-ils, et «cours de diction et d’articulation», «cours de théâtre» et «Livres à lire» (lorsque je cliquai sur celui-ci, une autre liste apparu, et j’eu juste le temps d’apercevoir un titre «Comment gagner des amis et influencer les gens») avant que ma fièvre ne me fasse taper à nouveau sur l’écran.
Il y avait des boutons Options: Préféreriez-vous éviter les péages? Devez-vous atteindre votre destination à un certain âge?
Mon siège devenait chaud de sueur. J’avais de plus en plus chaud, même à l’ombre.
Je réalisai que je devais faire pipi. Mais l’énormité de ma découverte me gardait collée à mon siège, comme si je devais explorer ce jouet fantastique dans l’immédiat ou il perdrait ses pouvoirs.

J’essayai autre chose.
LE CŒUR DE MARK WATSON.
“Faites demi-tour dès que possible”, énonça clairement la voix de Wendy après quelques ratées électroniques de l’écran. Mark était mon patron et j’avais le béguin pour lui depuis trois ans. Malheureusement, il était gay, marié et lui et son mari attendaient leur premier enfant d’adoption.
Quelle que soit la source de la réponse, ce n’était certainement pas seulement un ordinateur. Aucune machine artificielle n’aurait pu connaître Mark. Il devait y avoir autre chose. Était-ce une sorte de boussole morale? D’où diable venait-il? Juste pour vérifier, j’entrai: “DEVALISER UNE BANQUE”
Comme je m’y attendais, l’écran ne bougea pas, comme s’il ne comprenait pas cette suggestion.

J’essayai d’autres choses au hasard:
CHAMPION OLYMPIQUE.
Une liste de disciplines apparu, parmi lesquelles je choisi LUTTEUR SUMO.
“Devez-vous atteindre votre destination à un certain âge?”
45 – ai-je plaisanté. J’avais quarante-trois ans.
Le système hésita, puis le vieux «faites demi-tour dès que possible» retenti.

GAGNER À LA LOTERIE?
Une carte avec une flèche indiquant les points de vente au détail des billets de loterie remplaça la precedente.

RENCONTREZ L’HOMME PARFAIT
Un écran familier se présenta: “Avez-vous besoin d’atteindre votre destination à un certain âge?”
Et “Voulez-vous éviter les péages?”
J’ai répondu non aux deux questions.
Il s’avérait que la voie la plus rapide était un site de rencontre sur Internet et la plus longue la patience. Les deux me coûteraient déception, chagrin d’amour, embarras, ajoutés aux frais d’adhésion au site de rencontres, frais d’invitations aux rendez-vous et dépenses vestimentaires. Bref, un gouffre dans mon compte bancaire.
J’ai réalisé que j’aurais pu trouver ça moi-même.
Cela me fit réfléchir.
Que voulais-je vraiment?
Quel serait le but ultime?
«BONHEUR», ai-je tapé.
“Vous avez atteint votre destination”, lança la voix polie de Wendy.
La chose est cassée, pensai-je. Il n’y avait rien sur la carte. Pas de route. Juste une flèche pointant vers une sorte de carrefour qui ressemblait beaucoup au chemin de terre dans lequel j’étais garé.
J’ai tapé à nouveau. “BONHEUR”
Wendy se répéta: “Vous avez atteint votre destination”
J’essayai d’autres formulations, JOIE ETERNELLE, FELICITE PERPETUELLE. À chaque fois, la même chose se produisait. “Vous avez atteint votre destination.” Wendy sonnait à un disque rayé.
VOUS PLAISANTEZ J’ESPÈRE? M’exclamai-je, tout en majuscules.
Silence.
QUI ETES-VOUS? Essayai-je
Encore un silence. Je fixai l’écran que je tenais dans mes mains et le secouai en murmurant “Êtes-vous en train de me dire que ma vie amoureuse de merde et mes emplois pourris me rendent heureuse?”
Aucune réponse dans le silence de ma voiture. J’appuyai sur le bouton Zoom avant. Puis appuyai à nouveau. La vue changea progressivement, jusqu’à ce que l’image ressemblasse à un contour de ma voiture. Sur le siège gauche, il y avait une sorte de tube vu du haut, que je ne pouvais identifier que comme moi-même. Le zoom continua de pénétrer à l’intérieur de ce tube, jusqu’à ce qu’il s’arrête dans ce qui semblait être le centre. L’écran était maintenant complètement vide.
Le problème avec l’appareil, raisonnai-je, était que la gamme de ses réponses était limitée. Il laissait trop de place à l’interprétation.
Peut-être qu’elle voulait dire que devenir actrice pour de bon, ou me retrouver avec Mark Watson ne feraient pas mon bonheur parce que pour une raison étrange, je n’en avais pas besoin pour être heureuse? Ou peut-être que le bonheur était toujours là, peu importe ce qui se passait à l’extérieur? Dans ce cas, peu importe ce que je faisais ou pas, cela n’avait pas vraiment d’importance? En d’autres termes, il n’y avait aucune raison de s’énerver?

Au dernier recours, et au bout du rouleau, j’ai tapé TOILETTES
Une carte se profila, indiquant un petit chemin de terre se ramifiant à droite. Je sorti de la voiture dans un état second, laissant Wendy sur le siège passager.
Je trouvai le chemin derrière un buisson et cherchai un endroit approprié, car il n’y avait pas de sanitaires mobiles évidents en vue. Wendy n’était pas par trop tatillonne.
Accroupie sous un arbre, j’ai senti la brise chaude sur mon visage et le scintillement de la lumière du soleil dans les feuilles flottantes. Un lapin est sorti des ronces et m’a regardé. Puis un papillon.
Il n’y a pas de route vers le bonheur, je me suis souri à moi-même.

De retour à la voiture, j’eu une nouvelle idée. Je testai le bouton Points d’intérêt ou «POI près de chez vous».
Le processeur semblait lancer une recherche pour un long voyage. Après deux ou trois longues secondes, je vis une route sinueuse, une sorte de périple qui me prendrait des années et des années à parcourir. Le long du chemin, il y avait différents points de repère de taille variées. Je lu au hasard des choses comme: café du matin, enfants, cuisine, méditation, théâtre, films, lecture, romance, clubs de lecture, shopping, voyages, etc. La liste était étrangement remplie de choses familières et apparemment inépuisables: lilas, robes d’été, siestes l’après-midi, brouillard, bougies, conversation, amis, livres …
Des panneaux de signalisation indiquant «alimentation saine, méditation, exercice et yoga» ponctuaient le chemin. Il y avait même des listes de livres et de films recommandés.
En regardant ma montre, je réalisai que je n’aurais pas le temps de tout lire sur place. J’ajoutai cet itinéraire à ma liste de favoris. Ensuite, je récupérai l’itinéraire précédent pour devenir actrice et l’ajoutai également à mes favoris. Enfin, je retapai mon adresse pour que Wendy me ramène à la maison.
“Merci Wendy,” dis-je en démarrant le moteur.
«Prenez la prochaine à gauche, puis prenez l’autoroute», a-t-elle répondu.

* * *

Ceci est une œuvre de jeunesse (dix ans d’âge.) Cela se voit à son exubérance et son énergie qui diffèrent un peu de mon style actuel. Je me suis souvenue de cette histoire dès que j’ai vu le sujet de l’Agenda Ironique de Décembre. Parce que j’ai toujours eu, tout comme Christophe Colomb, beaucoup de problèmes avec les cartes.
J’ai dû faire quelques adaptations à mon original. La plus importante étant la traduction en Français. D’aIlleurs, je suis certaine que ça se sent, que l’original n’est pas en Français. Et puis bien-sûr l’inclusion des mots obligés. Ceci-dit, le mot NOEL était déjà dans l’histoire, ainsi que Livre. Quelle coïncidence ! je crois que ce texte était prédestiné. Et j’ajoute que tout est pure fiction.
Je me rends bien compte que le sujet du GPS est maintenant un peu passé, surtout avec Siri, qui a probablement inspiré pas mal d’histoires du même style. Ceci-dit, la surprise passée, le GPS est toujours ce que je considère être la meilleure invention de l’homme depuis le fil à couper le beurre.


Version originale en anglais:

GLOBAL POSITIONING SYSTEM

It all began one afternoon when I was getting out of my driveway. “Turn left” went a disembodied voice. I say “disembodied” because there was no one sitting next to me.
The voice didn’t come from outside either, I checked around, it could have been some of the neighbors waiting for the school bus. But no one was there. The only motion was that of the leaves filtering the sunlight above the road and the mailbox shed.
I am superstitious, but only to a certain degree. I usually find a rational explanation to the seemingly mysterious facts of life, and reserve the rest for Halloween.
I then thought.
Wendy.
That was Wendy.
It took that long for my brain to recognize the voice of the GPS system that I had acquired a few weeks before. For a long time I had coveted such a device without letting myself commit to the expense. It would be an understatement to say I have no sense of direction, and the smallest of errands out of my usual range causes me immeasurable stress.
When our company Christmas bonus windfall occurred, I decided to treat myself.
For weeks, I didn’t even turn on the sleek black rectangle that looked like a small TV screen since I didn’t need it to go to work. It lay on the passenger seat. I was planning its first use for the day of my monthly book-club meeting. Driving to the different members’ houses in the dark filled me with dread. Every time I got lost in mazes of dark streets with no names.
I finally inaugurated the navigation device to drive to a new office my company had acquired, the kind of trip that would normally have triggered a panic attack.
Among various setting choices, I opted for a young, feminine voice that seemed patient and measured, and enunciated words with a British accent that reminded me of my native Europe.
In the morning, I plugged in the address. and the cucumber-cool voice led me down unknown roads and highways without stress. “You have reached your destination” I was told, at the entrance of a business circle.
This was delightful.
Life was wonderful.
I wondered how I could have waited for so long. The price was more than justified.

The next trip was a three-hour long journey to Western Mass with a friend. She was the kind of person who gives names to objects and had called the voice Wendy. Our electronic companion entertained us the whole way, with its self-assured voice. “Thanks Wendy!” We would say at every turn, grateful for her self-effaced, modest guidance. All along the way, we imitated her, tried to challenge or trick her, but she was no fool. Once I made a mistake and took the wrong turn. She was not flustered, she just asked me to turn around whenever I could. I realized that with her, I would always fall back on my feet.

So there stood my infallible trust in Wendy when, against all odds, her voice rose again in my driveway, in spite of the fact that I remembered clearly unplugging the battery charger, rolling the cord around the rectangle screen before storing it in the left side compartment, which I had to empty of the bunched-up maps that were now unnecessary.
Could someone have turned the device on? That was impossible since no one else had the keys to my vehicle.
I hesitated before opening the side door, for fear something alive might bite my hand. When I finally pulled it out, the GPS was indeed on, navigating me on some unscheduled trip to some unknown destination. I pushed the off button, consciously registering what I was doing.

The next time it happened, I was driving home on the highway. As always after work, my mind was reeling with work-related insecurities. That daily ride was the best time I found to take stock of my life, as if being on the road gave me a clearer sight of my own path. It was one of the rare times when I did not have to use my attention to some concrete and specific project.

Was I on the right path? I was wondering. Was this the right job for me or should I dedicate myself to my true life’s purpose, Acting. I was spending my days in an office with a vague feeling of anxiety, performing uninteresting and menial tasks. I was clearly underemployed, but well paid. I knew I was lazy and a coward, but self-doubt was killing me. What if I didn’t make it as an actress, should I leave behind material comfort I enjoyed? I was wasting my energy in a safe but sterile life that left me empty and unfulfilled.
“Take the next exit” the voice said.
It was muffled, and the last word warbled, but I recognized Wendy right away.
Knowing that she usually warned me twice before a turn, I waited a few seconds.
“Take the exit right” she directed me again.
“Wendy,” I asked aloud. “Are you telling me that I should Exit my job? You mean quit?”
“Turn right” she answered.
I turned on my directional.
I had never taken that exit before and followed a secondary road for less than a mile. “Right ahead turn left” she ordered me again. Driving slowly on a country road, I followed her directions until I reached a parking lot situated in a field under the shade of a few oak trees.
The voice remained silent.
Pulling the black plastic device from the compartment, I took the time to examine it.
I looked at the different options and touched the icon that said “Where am I?”
A map appeared on the screen, showing a building in the middle of crossroads. That was obviously not the dirt road where I was parked, but a map of my workplace, surrounded with the familiar highways.
I tapped the screen. The option “Navigate to” appeared. I took a chance, and aware of my own silliness, instead of a street address, typed the word “Actress.”

Within seconds, a new map appeared, in the same red and yellow colors.
The road showed landmarks along several curves. Instead of names of towns and cities, the words read: acting school, auditions, performances, encounters, advice, and tips.
I wondered if this was a kind of prophecy, or if I had found a cutting-edge divination tool.
However, the end destination only said Actress, nothing more specific, like Hollywood or other well-known place.
Instead, this seemed to be a map, a map of the directions to take to reach a certain goal. The GPS was offering me the basic steps to get to that goal.
My heart skipped a beat. I was both disappointed by the fact that this incredible future was not a snapshot of my life, and relieved in my rational mind that this listing was only a practical and down-to-earth guide to what was possible with courage and effort.
I pushed the Demo button, and the screen became alive, a red line snaking through the different landmarks, revealing smaller crossroads in between, just like smaller streets and avenues. “Bank loan” they said, and “Speech and articulation classes”, “weight loss program”, and “Books to read” (when I clicked on that one, another list appeared, and I just had the time to glimpse a title (“How to win friends and influence people”) before my fevered state made me tap the screen again.
There were Options buttons: Would you prefer to avoid tolls? Do you need to reach your destination by a certain age?
My seat was becoming hot with sweat. I was getting hot, even in the shade. I realized I had to pee. But the enormity of my discovery kept me glued to my seat, as if I had to explore this fantastic toy right now or it would lose its powers.

I tried something else.
MARK WATSON’s HEART.
“Turn around as soon as possible,” Wendy’s voice enunciated clearly after a few aborted electronic hiccups of the screen. Mark was my boss, and I had had a crush on him for the past three years. Unfortunately, he was gay, married, and he and his husband were expecting their first adopted child.
Whatever source the answer came from was surely not just a computer. No man-made machine could have known about Erick. There must be something else. Was it some kind of moral compass? Who the hell was this coming from? Just to check, I entered: “ROB A BANK”
As I had expected, the screen did not budge, as if it didn’t recognize the entry.

I tried a few other things at random:
OLYMPIC CHAMPION.
A list of options appeared, among which I picked SUMO WRESTLING.
“Do you need to reach your destination by a certain age?”
45 – I joked. I was forty-three.
The system hesitated, then the old “Turn around as soon as possible” aired out.

WIN THE LOTTERY?
A map came up with an arrow indicating retail points for lottery tickets.

MEET MR. RIGHT
A familiar screen popped-up: “Do you need to reach your destination by a certain age?”
And “Do you want to avoid tolls?”
I answered no to both questions.
The fastest route, it turned out, was Internet dating and the longest one patience. Both would cost me disappointment, heartache, embarrassment, added to dating service fees, drinks, dinner dates and attractive outfits.
I realized I could have found that myself.
This made me think.
What the hell was it that I really wanted?
What would be the ultimate goal?
“HAPPINESS” I typed.
“You have reached your destination,” Wendy’s polite voice piped up.
The thing is broken, I thought. There was nothing on the map. No road. Just an arrow pointing to a sort of crossroads that looked very much like the dirt path I was parked in.
I typed again. “HAPPINESS”
Wendy repeated herself: “You have reached your destination,”
I tried other wordings, EVERLASTING JOY, PERPETUAL BLISS. Every time, the same thing happened. “You have reached your destination.” She started to sound like a broken record.
ARE YOU KIDDING ME? I exclaimed, all in caps.
Silence.
WHO ARE YOU? I tried.
Silence again. I looked into the screen I was holding in my hands, and shook it, muttering “Are you’re telling me that my shitty love life and rotten jobs make me happy?”
There was no answer to that either in the silence of my car. I pushed the Zoom in button. I pushed again. The view changed gradually, until the picture looked like an outline of my car. On the left seat was a sort of tube seen from the top, that I could only identify as myself. The zoom kept going in, inside that tube, until it stopped in what seemed to be the center. The screen was now completely blank.
One problem with the device, I had to reason, was that the range of answers was limited. There was too much room for interpretation.
Maybe she meant that becoming an actress for good, or ending up with Erick would not bring me happiness because for some odd reason I didn’t need this to be happy? Or maybe that happiness was always there, no matter what was going on the outside? In which case no matter what I did, or did not, was of no real importance? In other words, there was no reason to get excited?

At last resort, and at the end of my wits, I typed TOILETS
A map appeared, indicating a tiny dirt path branching on the right. I stepped out of the car, leaving Wendy on the passenger seat, my mind in a daze.
I found the path behind a bush and looked for a suitable spot, as there was no obvious outhouse or portable potty in sight. Squatting under a tree, I noticed the warm breeze on my skin and the shimmer of sunlight in the fluttering leaves. A rabbit came out of the bramble and gave me a look. Then a butterfly.
There is no road to happiness, I smiled to myself.

I returned to the car with a new idea. I tried the Points of Interests or “POI near you” button.
The timer seemed to launch a search to plan a long trip it seemed. After two or three lengthy seconds, there came a twisty road, a sort of trip that would take me years and years to cover. Along the way were different landmarks of larger or smaller size. I randomly read things like: morning coffee, children, cooking, meditation, drama, movies, reading, romance, book clubs, shopping, travels… The list was oddly filled with things that were familiar and seemingly inexhaustible: lilac flowers, sundresses, afternoon naps, fog, candlelight, conversation, friends, reading…
Road signs that read “Healthy eating, meditation, exercise and yoga,” consistently paved the way. There were even lists of recommended books and movies.
Looking at my watch, I realized I wouldn’t have time to read it all on the spot. I added this route to my list of Favorites. Then I retrieved the previous road to becoming an Actress and stored it in my Favorites too. Finally, I reset Wendy to navigate me back home.
“Thanks Wendy,” I said, starting the engine.
“Take the next left, and then take the highway,” she answered.

Amesbury
June 23rd, 2009

13 thoughts on “LE GPS

  1. Avec mon précédent véhicule, c’était Bernard qui me guidait……….. nous sommes allés jusqu’au clash et à la rupture, il m’envoyait régulièrement dans les vignes…………
    Gertrude se conduit bien et fait son boulot comme elle peut……….. mais il lui faudrait un reset que je ne sais pas faire, du coup quelques nouveautés lui échappent régulièrement….. il lui faut alors rattraper le coup ! en de rares occasions elle se perd complètement, me demande de faire demi tour sur l’autoroute et autres gracieusetés……… je pense que Gertrude n’est plus de première jeunesse, je lui pardonne et quand elle a besoin de repos mon androïd prend le relai. Comment faisions nous avant, pour circuler ? Je suis heureuse de constater que je ne suis pas un cas isolé. Peut-être Wendy a-t-elle pressenti un éventuel danger et a préféré te dérouter, qui sait ? Ce petit monde parallèle nous échappe complètement 😀 Merci de ce récit partagé !

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  2. Encore une fois, j’ai adoré lire ta participation à l’agenda en français et anglais, c’est fort ! Et puis, bon, j’ai bien ri quand même car je me perds même avec un GPS ( et puis, au bout du rouleau, j’ai tapé toilettes). Bref, sous le côté déjanté, il y a cette pointe de philosophie… nous sommes tous à la recherche du bonheur, sans parfois réaliser qu’il est soit déjà là, soit niché dans les petites choses ! Ok, on dirait une actrice qui parle… je me tais ! Merci à toi, belle journée, Sabrina

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    • Alors, je vois que tu as tout lu. Ce qui me fait très plaisir ! Les histoires avec des intentions philosophiques comme tu dis, ou qui partent d’un changement de perspective, ne sont pas toujours bien reçues, c’est un filon difficile à exploiter. Les actrices qui s’y essaient ont du mal aussi ! 😊Mais moi, un peu de profondeur m’intéresse.

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