Dans la liste de mes éléments Français : Victor Hugo.
Voici le premier homme à s’introduire dans ces pages (vous avez dû croiser brièvement George Sand, Colette et Anaïs Nin). Ce qui me manque : le mot Victor Hugo, la force tranquille qu’il représente, la somme de toutes les peines, les douleurs, les bonheurs de la vie, l’amour et la folie, transcrits et offerts pour nous en poèmes, en romans et histoires.
Pêle-mêle, dans ma vie, il y a Cosette, Jean Valjean, et Javert ; le couvent et leurs vies protégées là.
J’ai lu et relu Cosette pendant mon enfance, le passage où il lui prend la main avec le seau, le passage où il lui achète la poupée, où il s’évade avec elle et s’installe dans une petite chambre, d’abord. C’était un petit livre cartonné de la collection Lecture et Loisir, même pas abrégé, et juste la première partie des Misérables, qui commençait avec le vile Thénardier dans le champ de bataille la nuit.
Puis il y a le poème , que j’ai fait travailler à mes étudiants de Français.
Par quelle sorte de drame inouï faut-il que sa fille ainée Léopoldine meure le jour de son mariage ? Est-ce que ce n’est pas un coup du sort si dramatique qu’il aurait pu l’écrire lui-même ? plus étrange que la fiction ?
Et puis l’histoire d’Adèle H.(Adèle, la cinquième fille de Victor Hugo) qui pour moi est associé au visage d’Isabelle Adjani dans le film de François Truffaut, sa beauté quand elle ère dans les rues d’Halifax en Nouvelle Ecosse, folle, à la recherche de son amour impossible .
Mes filles ont aimé le film fabuleux, Les Misérables, et en connaissent toutes les chansons. Mais plus que Fantine, ou Cosette, c’est Eponine, qu’elles ont remarqué et qu’elles aiment. Eponine qui aime Marius. La même Eponine de chez les Thénardier qui maltraitaient Cosette ! Comment avoir de la sympathie pour elle !?
Victor Hugo me rappelle les années oé j’enseignais le Français à mes jeunes étudiants universitaires américains. Comme il est doux de se retrouver dans sa patrie linguistique et littéraire et d’offrir ses morceaux choisis, de ne présenter que les joyaux à ses élèves. Comme il était gratifiant d’être l’ambassadrice du patrimoine français, tout en dissimulant le moins beau, les facettes moins reluisantes. Pourquoi est-ce que je n’enseigne plus ? Dieu seul le sait – en gros, le besoin d’indépendance financière.
Et aussi, Victor Hugo représente une vie bien vécue, finie. Non seulement Il aurait donc survécu à toutes les vicissitudes de sa vie, mais aussi il les aurait surmontées en les distillant en une œuvre énorme ! Voilà qui aide à relativiser mes propres malheurs et angoisses : la thérapie Victor Hugo.
Dans une petite librairie de livres d’occasion à Amherst, je regardais le rayon des livres en Français. Sûrement des dons de profs de U. Mass. Et j’ai mis la main par hasard sur une biographie de Victor Hugo et de ses amours. J’ai juste parcouru les pages. J’aurais pu l’acheter mais j’ai hésité trop longtemps parce que j’ai déjà trop de livres.
Mais il y a cette page qui me reste à l’esprit, qui dit que Victor Hugo avait une petite porte secrète dans son bureau par laquelle il sortait pour aller voir ses maitresses, ses amoureuses, ni vu ni connu. On ne peut pas plus romantique. Cet homme, écrivain si solide et sérieux, se glissant dans des petits conduits pour rejoindre des amours secrètes ! c’est tout de même fascinant !
Un amant insatiable, disent les biographies françaises, un amoureux infatigable. Voilà la joie de vivre à la Française, l’affirmation de la vie, de ses bonheurs, sans rechigner devant les drames et les horreurs pour le contraste.
Une inspiration : donc moi aussi, je pourrais me relever de mes drames, après tout ?!