Nous avions sauté la lettre D ? Pas si vite.
Considérations variées sur le thème de Céline Dion.
Visite de la basilique Notre Dame à Montréal
En cherchant en ligne un hôtel à Montréal, j’avais remarqué qu’ils affichaient tous une photo de la Basilique Notre Dame de Montréal à la fin des photos des chambres.
Je n’avais jamais pensé auparavant à visiter la cathédrale. La religion Catholique, je ne suis ni pour, ni contre, bien au contraire. J’ai grandi dedans. Mais je me suis retrouvée adulte sans dénomination précise.
Les images m’ont donné envie de visiter cette basilique.
Je me suis donc rendue à Place d’Armes. Dehors une magnifique façade sur un espace imposant.
Dedans, une magnifique nef, lumière atténuée filtrant à travers de beaux vitraux compliqués ; sur les murs, des scènes bibliques; la voûte un ciel bleu-nuit couvert d’étoiles d’or (chacune une feuille d’or pur). Et surtout devant, admirable point focal : une lumineuse source de bleu céleste sur laquelle se profilent des dentelles de bois, comme un palais à étages composé de niches encadrant des statues représentant des scènes telles que le couronnement de la vierge.
Et c’est à ce moment que la guide qui s’adresse au groupe remarque que « c’est dans cette basilique que Céline Dion a célébré son mariage en 1994. »
Reconfiguration des données comme le ferait mon GPS. Les références changent soudain de registre.
Céline Dion ? Tiens ? Ah, mais oui. Rêve de petite fille. Conte de fées. Bien sûr.
Soudain, les lumières savamment installées derrière les statues, tous les fastes et les dorures et les étoiles au ciel, me donnent l’impression étrange que je me trouve à Las Vegas. Je m’attends à voir les trapézistes du Cirque du Soleil débouler dans le ciel étoilé.
Céline Dion en voiture
Je n’écoute pas beaucoup les chansons de Céline Dion mais j’en connais car il y a eu des moments où il était difficile de l’éviter. Un peu avant Titanic. Des chansons qui passaient à la radio à Boston. Je ne sais pas exactement où je les entendais, peut-être dans les magasins que je traversais sur le chemin de mon travail d’intérimaire, à pieds dans les vieilles rues de Boston.
Plus tard, au volant d’une voiture, j’ai acquis un CD de ses chansons hyper-produites, aux arrangements somptueux comme on dit. Pourquoi ? Parce que j’avais envie de confort. Parce qu’écouter un CD de Céline Dion, c’est une ballade dans un autre monde (que le mien) – le temps d’une chanson, on a trois piscines dehors, un palace de trente pièces et des studios d’enregistrement calfeutrés à l’intérieur. On se sent un peu seul, mais sans plus aucun soucis matériel. On baigne dans des canapés profonds et moelleux, et dans la piscine.
Mais il fait bon en sortir, parce que je changerais la décoration assez rapidement. Tous ces murs sombres repeints en tons clairs par exemple. Enfin tout à revoir.
Je la vendrais même, la demeure, je rachèterais autre-chose. A Paris.
Ca fait du bien de changer d’univers, de sentir la sécurité, la chaleur du luxe. C’est bon de sentir l’opulence. La richesse donne un sentiment d’expansion. C’est difficile à rendre avec une guitare acoustique, ou un seul piano.
C’est juste qu’au bout d’un moment, je trouve ça kitsch, ces paroles qui manquent un peu de profondeur, et puis tout le reste.
C’est bien aussi de ne pas avoir trop d’attaches matérielles.
Ziggy
A chaque fois que je traînais dans les rues de Montréal à la tombée du jour, en passant devant les magasins un peu louches de vêtements de soirée (jupes trop courtes, velours vermillon, cuir, grosses fermetures éclair, talons hauts, cuissardes imitation cuir) je pensais à Ziggy. Celui de la chanson.
A chaque-fois, je me posais des questions :
Pourquoi la fille se jetait sur lui dans la rue ?
D’abord, qu’est-ce qu’elle faisait, seule, dans la rue à quatre heures du matin ?
Une des danseuses exotiques de la rue Sainte-Catherine ? Mais ces filles-là ne se jettent pas sur les gens dans la rue, que je sache.
Et lui, Ziggy, ça ne le dérangeait pas que cette inconnue désaxée (que j’imaginais échevelée et vêtue des vêtements achetés dans les magasins locaux comme ces cuissardes en skaï lacées,) l’attaque de cette façon ? Il trouvait ça normal. Peut-être qu’il avait l’habitude. Blasé. Une de plus, une de moins… Ou bien il était très, très patient. Il venait de passer une excellente soirée à méditer dans un centre Zen, et il était plein de compassion et de sagesse qu’il pouvait déverser sur cette pauvre âme perdue.
Il l’invitait à prendre un café. Pas du tout recommandé au milieu de la nuit, et surtout pas pour les troubles de l’humeur. Mais passons outre.
« On s’est raconté nos vies. On a ri, on a pleuré. » Là, je ne vois rien de mal : session de thérapie improvisée. C’est cathartique. Il très possible que la paix se rétablisse d’elle-même par la suite. Mais après… il l’emmène danser ? j’espère que ce n’est pas la même nuit ! C’est l’effet de la caféine. Enfin, là on n’est pas sûr. Il y a un peu d’ambiguïté.
Lui avait l’air d’avoir une vie assez rangée, dans sa boutique de disque. Pas trop survolté, tout au moins pendant la journée. Son influence allait peut-être la calmer. Sauf qu’elle s’était maintenant trouvé un autre problème que la solitude : elle était amoureuse d’un homosexuel qui ne l’aimerait jamais. Le genre de fille qui a toujours un problème. Et puis il aurait fallu qu’elle prenne ses responsabilités. Dire « ce n’est pas de ma faute » c’est trop facile.
Enfin, je ne suis ni thérapeute ni mamie rabat-joie. Je regarde ça d’un peu loin d’un regard magnanime.
Voilà. Donc quand je traîne dans les rues de Montréal et que je me demande si je vais tomber sur Ziggy dans un Tim Hortons, je regarde aussi si je vais voir Céline Dion un peu décoiffée en face de lui, remuant son café avec sa petite cuillère. Peut-être que je suis un peu jalouse, parce que moi qui dors si bien, je manquerais sûrement quelque-chose.