SONATA IN C MINOR

Beethoven Sonata in C minor

BEETHOVEN’S SONATA IN C MINOR

Sunday morning. I had just cleaned up the bathtub
and it smelled of detergent.
I sank down in my armchair.
And put on the luxurious Bose headphones
that Allan had offered me for my birthday.
He had texted me: “Beethoven’s Sonata in C Minor
when I was at the gym earlier, on the treadmill
and I had not had the time to check it out.
What was he telling me about it? I didn’t remember,
But I knew I had to take the time to listen to it properly.

I found the piece on YouTube.
I chose Barenboim
And I listened.
Yes, the jagged lines, and the softer responses
I don’t know that piece
Wait… as it goes on
I have a vague sense of recognition,
Far away as in a thick fog
as I anticipate what comes next,
As a matter of fact I know it so well.
in a recess of my memory
that my fingers do the gymnastics by themselves
Holy smokes
I used to play this, I recognize it now!
Except It sounded slightly different
in a kind of slowed -down way.
Why?
Because it was my very own fingers at the piano…

I played this piece so differently
That it bears just a small resemblance
With Barenboim’s production
But I never listened to any recording then
Just read the paper.

I used to play that sonata
And I am taken back to the living room
Of my parents’ house where I was playing
one hour everyday at least, for years
Decades ago
Was I 17 or 18?
I don’t see every detail in the fog
But the large window is on the left
Opened to the spring

What did my future look like at that time?
Mystère et boule de gomme.
I was just handed a message
from my adolescent self
To the fifty-two year old one.
Let me see…

My hands repeat
The awkward accompaniment on the left hand
The Alberti bass
What was Beethoven thinking?
Programming this little machination
Fingers knitting with invisible needles

What was my future then
Seen from that piano?
From the solidity of my own family
The bourgeois town of Nantes
My bourgeois catholic school
With Nantes the beautiful
Why was this buried so deep?
Was there something I wanted to hide?

Did I imagine myself
Alone today in my living room
Traveling in my armchair
in this little town
On a different continent
Icy rain outside
What were the odds?

I have now met a professional pianist
This is where this comes into place
The puzzle of my unconscious.

For the time of the Sonata
Bridge the gap
For a few minutes
See
What a trip
I close my eyes again
And I realize
No matter what,
I have never played
The second part of that Sonata.

There is my own Proustian madeleine. Don’t ask me why this text came to me in those short sentences piled up. It just did. And to get back to the very beginning, I think that’s how I got the lumbago I have today.


LA SONATE DE BEETHOVEN EN DO MINEUR

Dimanche matin. Je venais de nettoyer la baignoire
et ça sentait le détergent.
Je me suis enfoncée dans mon fauteuil.
Et j’ai mis sur ma tête le luxueux casque Bose
qu’Allan m’avait offert pour mon anniversaire.
Il m’avait envoyé un texto: “Sonate en Do mineur de Beethoven
quand j’étais à la gym un peu plus tôt, sur le tapis roulant
et je n’avais pas eu le temps de le vérifier.
Que me disait-il à ce sujet? Je ne me souvenais pas,
Mais je savais que je devais prendre le temps de l’écouter correctement.

J’ai trouvé le morceau sur YouTube.
J’ai choisi Barenboim
Et j’ai écouté.
Oui, les lignes dentelées, et les réponses plus douces
Je ne connais pas ce morceau
Attends … alors que ça continue
J’ai un vague sentiment de reconnaissance,
Loin comme dans un épais brouillard
comme si j’allais prévoir ce qui allait venir,
En fait, je le connais si bien, ce morceau
dans un recoin de ma mémoire
que mes doigts font la gymnastique d’eux-mêmes
Incroyable…
Mais oui, je le jouais ! je le reconnais maintenant!
Sauf que ça sonnait différemment
Comme au ralenti
Pourquoi?
Parce que c’étaient mes propres doigts au piano…

Je jouais cette sonate si différemment
Qu’elle ne porte qu’une faible ressemblance
Avec la production de Barenboim
Mais je n’ai jamais écouté aucun enregistrement
Je lisais seulement là partition

Je la jouais donc, cette sonate
Et me voilà ramenée au salon
De la maison de mes parents où je passais
une heure par jour au moins pendant des années
Il y a des décennies
Avais-je 17 ou 18 ans?
Je ne vois pas tous les détails
Dans la grisaille
Mais la grande fenêtre sur la gauche
Est ouverte au printemps

À quoi mon futur ressemblait-il à ce moment-là?
Mystère et boule de gomme.
Ici, je reçois un message
de mon moi adolescent
À celui de me cinquante-deux ans.
Voyons…

Mes mains répètent
L’accompagnement maladroit de la main gauche
La basse d’Alberti
Que pensait Beethoven?
Quand il programmait cette petite machination
Les doigts tricotant avec des aiguilles invisibles
Et quel était mon avenir alors
Vu de ce piano?
Vu la solidité de ma propre famille
La ville bourgeoise de Nantes
Mon école bourgeoise catholique
Avec Nantes la belle
Pourquoi était-ce enterré si profond?
Y avait-il quelque chose que je voulais cacher?

Est-ce que je m’imaginais
Seule aujourd’hui dans mon salon
Voyageant dans mon fauteuil
dans cette petite ville
Sur un autre continent
Pluie glacée à l’extérieur
Quelles étaient les chances?

J’ai rencontré un pianiste professionnel
C’est là que les choses se mettent en place,
Le puzzle de mon inconscient.

Le temps de la sonate
L’écart se comble
Pendant quelques minutes
Pour voir
Quel voyage j’ai fait
Je ferme à nouveau les yeux
Et je réalise
Peu importe ce que j’ai récolté,
Je n’ai jamais joué
La deuxième partie de cette Sonate

Voilà ma propre madeleine proustienne. Ne me demandez pas pourquoi ce texte m’est venu sous la forme de ces courtes phrases entassées. Ca s’est fait comme ça. Et pour en revenir au début, je crois que je me suis fait un lumbago en lavant cette … de baignoire.

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