Si j’étais née Américaine
On aurait pris mes mensurations
Et j’aurais reçu la toge et le mortier
Mais comme je suis Française
Je suis allée chercher mon nom
Sur le tableau des résultats
Si j’avais été Américaine
J’aurais bâclé quelque essai à la dernière minute
Puis j’aurais fièrement défilé
Avant qu’il ne soit corrigé
Saluant la foule étalée
Sur les pelouses du campus
Fière et endimanchée
Parents, sœurs. frères, tantes et oncles
Mais j’ai pris le bus le jour-dit
Sans tambours ni trompettes
Sans Pomp and Circumstance
Priant que mon nom figure
Sur la liste des étudiants reçus
Puis je suis rentrée chez moi,
La joie au cœur
Si j’étais Américaine
J’aurais reçu une accolade, une rose
Mon beau diplôme sur un podium
Et devant la caméra
Moment dont j’aurais longtemps rêvé
Comme les champions de natation
Ou de course visualisent la Victoire
Moi, je n’avais même pas pensé
A visualiser mon nom sur la liste
Mais il était là! Et j’ai bien reçu
Mon petit diplôme imprimé
Sur rouleau d’imprimante aux rayures alternées
Vertes et blanches avec les trous sur les côtés
Par la poste peu de temps après.
Aurais-je fait encadrer
Le vélin parchemin dans un cadre doré
Au lieu de celui chiné aux puces
Et aurais-je continué sur la même lancée ?
En visant droit vers les étoiles ?
La vie est-elle un peu moins dramatique
Parce que je suis Française?
Est-elle un peu moins clinquante
Aurais-je gravis les échelons avec plus de courage?
A la place je me suis contentée de trouver mon nom
Imprimé parmi les autres sur la liste des reçus
A quoi tient notre destinée.
Dans ma série des souvenirs universitaires.
Bonne journée à tous et toutes !
Grain de sable 
à quoi ça tient ? de fait, tu as eu une destinée françoaméricaine 🙂
je me souviens d’un exam (mais lequel ?) que j’étais si peu convaincu d’avoir que lorsque j’ai vu mon nom sur la feuille derrière la vitre du tableau d’affichage, je me suis dit “allons bon, ils n’affichent que les recalés”
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HAHAHA trop drôle. Ca me rappelle vaguement la blague de Groucho Marx : « Je refuse de rejoindre un club qui m’aurait comme membre. » 🙂 Sinon, le thème des destins qui sortent de la trajectoire prévisible me fascine.
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C’est sûr que nos cérémonies de remise de diplômes sont moins clinquantes, il n’empêche, que le sésame en poche, tu as pu poursuivre ta voie franco-américaine 🙂 Belle journée à toi, Sabrina.
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C’est tout à fait vrai que mon diplôme français a fait ses preuves ici et a très bien tenu la route ici. Je n’avais pas pensé à discuter la valeur de notre éducation française. Peut-être qu’enlever les dernières lignes sur la destinée enlèverait l’ambiguïté. Je me posais juste une question dans le vague. Je crois que malgré les différences de cérémonies, les diplômes et la satisfaction qu’ils offrent, et les portes qu’ils ouvrent sont plus ou moins égaux des deux côtés. C’était une idée « poétique » d’imaginer une vie aussi théâtrale que la cérémonie, imitant le climat exalté de la remise des diplômes aux US.
Au fait, j’aime beaucoup Ben Mazué – j’ai maintenant l’album Paradis sur ma playlist.
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Coucou ! Non, surtout n’enlève rien à ton texte, il est sincère et questionne le lecteur, que demander de plus 😉 ? J’ai pendant très longtemps admiré ce qui se passait outre-Atlantique, notamment au niveau des années lycée, je trouvais qu’il y avait une vraie valorisation des élèves et de leur parcours. Depuis, mon avis est plus nuancé, mais travaillant dans l’éducation, je pense que pour ce qui est de la mise en avant des réussites personnelles (autres que théoriques), on devrait s’en inspirer grandement ! Laisser plus de place à la création et à d’autres moments où l’enfant peut briller autrement 🙂 ! Mais je digresse…
Comme toujours, un plaisir de venir te lire ! Belle journée, Sabrina.
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