SEXTINE DES VILLES INVISIBLES
Avez-vous visité les villes invisibles ?
Ceux qui ont un billet en font des entrechats
Ils voient de ces cités l’escalier et sa rampe
Les autres sont bien tristes et restent sur les dents.
Mais entre vous et moi les deux sont des dindons
Car l’essentiel est invisible pour les yeux.
J’ai rêvé moi aussi de Dahut voir les yeux –
De l’ile d’Ys engloutie, à jamais invisible
Peut-être de basses-cours où canards et dindons
Autrefois caquetaient et jouaient avec des chats
Avait-elle des miroirs, des bijoux, et des dents
De requin ornées d’or, de rubis et de pampres ?
Du Titanic j’aimerais voir la fameuse rampe
De l’escalier qui mène à la fête des yeux,
Les salles somptueuses où dandys aux belles dents
Dansèrent et rencontrèrent un iceberg invisible.
Je danserais légère sous l’eau des entrechats
Là où les passagers dinèrent de dindon.
Comme les explorateurs ramenèrent le dindon,
De contrées mystérieuses où partout volent et rampent
Des griffons des Phoenix et d’étranges races de chats
Je chargerais mes cales pour vous brûler les yeux
Loin du port mon vaisseau vous serait invisible
Et je serais à bord le seul commandant.
Il y a bien sûr ces iles où des requins sans dents
Nagent et jouent avec vous, doux comme des dindons
Où les pensées des hommes et des femmes visibles
Volent autour de leurs corps et de soleil se trempent
On y aborde en songe pour se rincer les yeux
De ces beautés fugaces comme des entrechats.
Dans cette ile lointaine j’ai vu courir les chats
Dans des rues aux murs blancs au bord de l’océan
L’azur profond du ciel m’est resté dans les yeux
Un jaquemart le soir faisait dingdong dingdong
Pour sortir de ce rêve il fallu que je rampe
Tant me retenait là une corde invisible.
Faites des entrechats, imitez le dindon
Mais rêvez en dedans, sans risquer aucune crampe
Car pour les yeux l’essentiel est invisible.
***
Voici ma contribution a l’Agenda Ironique – dont les consignes sont ici:
https://poesie-de-nature.com/2020/01/04/les-villes-invisibles-agenda-ironique-de-janvier/. J’ai omis un des mots: topinanbaulx, mais je crois que je me suis ratrappée pour les autres. Pour la forme, je me suis amusée à tricoter les mots selon la structure de la Sextine.
Et la version anglaise ??? Je plaisante bien sûr, je te remercie pour ce texte profond (si je puis me permettre) et pour l’évocation du procédé de la Sextine, que j’ai découvert avec toi ! Grand merci à toi, et comme toujours, peu importe la forme, un plaisir!
LikeLiked by 1 person
hahaha c’est intraduisible. Les directives pour la Sextine (Sestina en anglais) sont plus faciles a trouver, en anglais. Si tu veux essayer.
LikeLike
Eheh… pourquoi pas ? Dès que l’occasion s’en présente, j’adore ce genre de jeu ! Ps : tu m’étonnes pour la traduction 😉
LikeLiked by 1 person
L’azur profond du texte m’est resté dans les yeux … merci pour ce beau texte voyageur
LikeLiked by 1 person
L’azur profond du texte m’est resté dans les yeux … merci pour ce beau texte voyageur
LikeLiked by 1 person
Merci Vero
LikeLike
C’est vraiment très beau !
LikeLiked by 1 person
splendide !
triste et doux comme un dindon dandy rêvant de voir Didon, dis-donc !
non, vraiment splendide 🙂
LikeLiked by 1 person
Les dindonneaux inspirateurs se dandinent d’aise en se bidonnant ! 🙂
LikeLiked by 1 person
Pingback: Villes invisibles ( participations à l'agenda ironique de janvier) | Poésie de nature
Pingback: Neuf villes invisibles pour l'an neuf … | Poésie de nature
Je suis restée là dans l’azur au milieu des requins sans dent trempée de soleil … avec ta Sextine tout est possible 😉
LikeLiked by 1 person
Pingback: Neuf villes invisibles (agenda ironique de janvier) – Carnets Paresseux
Si visiblement belles ces villes-îles, ou îles-villes, qui me transportent de rêves blancs en songes émerveillés. Merci pour cette sextine
LikeLiked by 1 person
je refais mon petit tour de relecture… toujours aussi fan de cette chapelle Sextine
LikeLiked by 1 person
Hahaha! Jeu de mots! Merci du passage (dans cette petite chapelle).
LikeLiked by 1 person