
LES DENTS DE LA CHANCE
Comment papa et toi vous êtes-vous rencontrés?
Toujours la meilleure question à poser
Je portais une veste en daim
C’était au début de l’automne
Nous nous sommes rencontrés pour la première fois dans la chambre de Craig
Il s’est levé pour me saluer
et s’est présenté
Et ensuite…
Nous sommes allés dans un café
Où des étudiants jouaient de la musique
Il a chanté ses chansons sur scène
Avec Bruce et Mark et Nathalie
Je ne faisais qu’écouter
Juste débarquée de France
C’était la nuit dehors après
On a traversé le campus
Guitare à l’épaule
Bottes marron
Boucles blondes
Blue Jeans
Ton père, je dirais
Avait les dents de la chance
Les jeans, j’apprendrais, étaient des LEVIS qu’il achetait dans des friperies
Sa chambre était spacieuse
Avec un vélo dans un coin
Et un cadre de lit en métal contre le mur
Il allumait des bougies
Et de l’encens à la fraise
Il portait une chemise couleur fraise
Qu’Il avait trouvé dans une friperie
Et un petit anneau à l’oreille
La fenêtre donnait sur une belle pelouse
Dans sa chambre à Watson Hall
La lumière était différente
Il jouait du Van Morrison
Il jouait du Clannad
Il jouait des ballades irlandaises
A propos d’une île irlandaise et d’un Willy O’Winsbury
Et c’est comme ça que j’ai rencontré votre père.
COFFEE HOUSE
How did you and dad meet?
Always the best question to ask
I was wearing a suede jacket
It was early fall
we first met in Craig’s room
He got up to greet me
and introduced himself
And then…
We went to a Coffeehouse
(There was no coffee involved)
He sang his songs on stage
with Bruce and Mark and Nathalie
I just listened
Still fresh from France
It was night outside after
crossing the campus
his guitar
Brown boots
Blond curls
Blue jeans
Your father, I would say
Had good luck teeth
The jeans, I would learn, were LEVIS’ he bought in thrift stores
His room was spacious
With a bike in a corner
and an upright metal bed frame against the wall
He would light up a candle
and strawberry-scented incense
he wore a strawberry-colored shirt
He had found in a thrift store
and a small ring in his ear
The window looked onto a lawn
In his room in Watson Hall
the light was different
He played Van Morrison
He played Clannad
He played Irish ballads
about some Western Island and a Willy O’Winsbury
And that is how I met your father.
Dans la série de mes souvenirs universitaires, une rencontre importante. J’ai écrit ces poèmes en anglais au départ puis les ai traduits en Français, ce qui donne ce style un peu artificiel parfois. Evoquer ces souvenirs en phrases courtes comme les images des souvenirs reviennent en flash me semblait naturel. Mais d’autres épisodes étaient plus adaptés à une narration en prose. Ca vient, ça vient … !
Illustration: The analog dream on WordPress.com
les dents de la chance, évidemment : chanceux il est, puisqu’il a rencontré celle qui l’a rencontré
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Il porte chance aussi: à celle qu’il a rencontrée -et à celle qui l’écrit- puisqu’elle(s) attrappe(nt) un joli commentaire ! 🙂
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Tes souvenirs universitaires sont d’une belle richesse. Celle qui génère le goût de la vie.
J’aime beaucoup te lire. Tes souvenirs sont si distincts des miens qu’ils me captivent ! 🙂
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Ca me fait bien plaisir! J’ai eu envie de revisiter le passer pendant cette isolation forcée.
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J’ai bien aimé le texte en français mais encore plus celui en anglais, en lisant la petite note, je comprends pourquoi. Ça a sonné à mes oreilles en tout cas. Merci pour ce partage. Sabrina.
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Je suis bien d’accord avec toi. C’est mieux en Anglais. Merci de ton passage!
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