ACTE VII – L’ENIGME DES ANNEES TRENTE

A 18 ans, on est majeur de nos jours. Pas en 1927 ou on ne devient adulte qu’à 21 ans.
Gabriel, à 18 ans, est symboliquement émancipé quand Albert, l’ainé, meurt à son tour. Celui dont on venait de fêter les noces quatre ans auparavant, disparait dans un stupide accident de travail. Il serait tombé d’un toit. Mais on n’a pas gardé les journaux de l’époque pour en savoir plus. Il n’avait pas eu le temps d’avoir d’enfants.

De la branche de l’arbre, ne restent plus qu’Ambroisine, Louis, et Gabriel.

Louis est marié et connait le succès professionnel dans la menuiserie. Avec sa femme, ils ont eu vingt ans pendant les années folles et en ont bien profité. A Paris, la vie était belle, surtout sans enfants. Ils ont dansé le charleston, lui les cheveux gominés, elle les cheveux crantés, le rose aux joues.

Ambroisine vit aussi à Paris. Pas de mari, pas d’enfants. Pas facile de retrouver ses traces. On dit qu’elle habite à côté d’une boutique de repassage qu’elle visite occasionnellement, et qu’elle s’est un peu liée avec celles qui y travaillent.

Aux années folles succèdent les années 30. On dit que la France est en crise. On parle même de crise mondiale. Qu’est-ce que ça veut dire pour Gabriel ?

La crise économique frappe la France plus tardivement que le reste de l’Europe. Elle y est moins forte mais plus durable.

À la fin de 1930, les productions industrielle et agricole s’effondrent. Le chômage s’installe. Il touche surtout les salariés du secteur privé, les petits patrons, les petits commerçants, les agriculteurs. En 1933, on compte 300 000 chômeurs, et 500 000 en 1935.

Entre 1928 à 1938 après l’étape de la mort de son frère, aucun évènement n’apparait sur le radar de Geneanet.
Que fait le jeune homme ? Ce qui est sûr, c’est qu’il en a fini avec les saisons de pêche à la morue.
De 18 à 28 ans, en général, on apprend des choses, on entame une carrière, on fait une ou des rencontres, on se marie même. Ce qu’il fiche, Gabriel, dans ces domaines ? On ne sait pas.  
Certains disent qu’il travaille sur les chantiers. Il apprend les métiers de maçon, plombier, spécialiste du chauffage, même. Un peu de tout, un peu partout. On a besoin de main d’oeuvre.
Bref, selon les souvenirs collectés auprès de son frère, puis d’autres qui l’ont connu, il travaillait à rebâtir la France.

Dix années de calme. Le temps de reprendre son souffle après une enfance pleine de turbulences. Enfin, on peut respirer un peu. Ce n’est pas trop demander. Après, on verra.

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